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Hassen et Amavi dans Libération

Libération, le 03/04/2015 à 12h46

Anciens colocataires et sortis en même temps du centre de formation de football de l’OGCNice, le gardien Mouez Hassen et le défenseur Jordan Amavi racontent leur découverte du haut niveau.

Depuis les arrivées du président Jean-Pierre Rivère, en 2011, et de l’entraîneur Claude Puel, un an plus tard, l’OGC Nice, qui jouera une partie de son maintien en Ligue 1 samedi à domicile contre Evian-Thonon-Gaillard, s’est engagé dans une politique risquée: faire évoluer de jeunes joueurs. Les spectaculaires apparitions lors d’un match professionnel d’Albert Rafetraniaina (à 16 ans et 27 jours) ou de Neal Maupay (16 ans et 32 jours) symbolisent ce choix, créant par ailleurs un appel pour tous les apprentis footballeurs de la région. Si elle a permis à Nice de ne pas flamber sur le marché des transferts, cette politique a un prix. Sportif: quand il découvre la Ligue 1, le joueur est moins régulier, moins stable –surtout dans le vent contraire– qu’un professionnel éprouvé.On s’est posé avec deux joueurs formés au club et qui ont passé quatre ans à vivre l’un avec l’autre, le gardien Mouez Hassen (20 ans) et le défenseur gauche Jordan Amavi (20 ans) – le second ayant pour l’heure la vie plus facile que le premier–, pour décliner le concept de «découverte» : le foot, le poste, les pros, etc. Ils ont découvert pour l’occasion la parole publique : protégés par leur entraîneur depuis dix-huit mois qu’ils évoluent en pro, ils n’avaient quasiment jamais donné d’interviews avant celle-ci.

Le foot

Mouez Hassen : J’y jouais au City Stade jusqu’à 10 ans dans le quartier de la Gabelle à Fréjus (Var). Puis j’ai fait un peu de hand quand la famille a déménagé à Saint-Raphaël – on habitait en face de la salle de hand, donc… Je suis revenu au foot parce qu’il y avait les copains.C’était synonyme de joie de vivre. Longtemps, le sport n’a rien été d’autre. Je ne me situais pas par rapport à un don, quelque chose que j’aurais eu en plus – la passion te porte. Vers 13 ans, il y a eu les regards extérieurs: deux entraîneurs sont venus me dire que j’avais certaines qualités. Moi, je ne savais même pas ce qu’était un centre de formation.

Jordan Amavi : Le foot, c’est l’odeur de la chaussette après le match (rires)… Mon premier coach fut mon père. Encore aujourd’hui, je lui passe un coup de fil quand on part au stade pour jouer les matchs – je lui dis si je suis titulaire, je lui demande où il est, s’il est en route, ce qu’il fait… Je l’ai aussi après le match. On parle de ce que j’ai bien fait,mal fait, etc. Ce sont des moments où la franchise de votre interlocuteur est inestimable.

Le poste

M.H. : Les circonstances. Un jour au Stade raphaëlois, à 12 ou 13 ans, on m’a donné le choix: milieu ou gardien, ce dernier poste étant occupé par un joueur qui n’y tenait pas trop. Comme j’étais timide et que je n’avais pas trop envie de courir, j’ai choisi les buts. J’ai été nul. Je n’avais aucun truc de gardien – je plongeais, je me roulais par terre… Mais je m’amusais bien.

J.A. : J’ai été formé au poste d’attaquant. Voilà deux ans, l’entraîneur [de Nice, Claude Puel, ndlr] m’a expliqué que plutôt que d’évoluer dos au but, où j’avais des difficultés, je pourrais peut-être essayer de reculer au poste de défenseur pour avoir le jeu en face de moi : « Qu’est-ce que tu en penses ? » Je n’allais pas dire non (sourire). J’ai trouvé l’équilibre match après match, ça ne vient jamais d’un coup. J’aime ces petites satisfactions que tu ressens quand tu récupères un ballon, quand tu gagnes un duel…

Le centre de formation

M.H.: Je me souviens du premier «spécifique » [l’entraînement particulier des gardiens, extrêmement intense], les cris des coachs, la pression. On sortait des grandes vacances, en plus… Je connaissais l’entraîneur, c’était le même que celui que j’avais eu à Saint-Raphaël. C’est surtout au regard des autres joueurs du centre que je pensais ce jour-là. Si tu es fort sur le terrain, les gens t’aiment et viennent vers toi. Sinon, ils te parlent aussi,mais un peu comme ça…

J.A.: J’ai intégré le centre de formation de l’OGC Nice à 17 ans. Pour l’internat et le fait de partir loin de mes parents, j’étais prêt. Par contre, le niveau… Tout ce que faisaient les mecs était propre, précis. Techniquement, j’étais en retard. Quand je frappais le ballon, je tapais aussi le sol. A la fin des entraînements, le coach me prenait à part et me lançait des ballons pour que je travaille la qualité de passe, le «pied». Quand les formateurs de Nice m’avaient repéré lors d’un match avec le Sporting Toulon Var, ils avaient lu des qualités physiques – la résistance, la vitesse –, mais je ne sortais pas du lot. Eux ont vu le long terme.

Le vestiaire des pros

M.H.: Tu es en concurrence avec des trentenaires, des mecs qui ont des enfants. En même temps, tu sais que c’est le terrain qui parle, rien d’autre. J’avais partagé des entraînements avec eux [Puel intègre souvent trois joueurs du centre aux entraînements des pros par roulement, pour leur faire prendre la température, ndlr], mais, en même temps, tu es stressé. Les pros ont leurs propres délires. Moi, il me faut du temps pour apprivoiser les choses. Je parlais peu. Les anciens m’ont aidé, notamment dans l’approche du match : profite d’un premier ballon facile pour te mettre en confiance, ne te complique pas la vie, n’hésite pas à dégager le ballon loin [quitte à le perdre, plutôt que de prendre le risque de le donner à un partenaire situé à côté, ndlr] et tant pis si le public gronde.

J.A.: J’ai été étonné de la décontraction. En même temps, c’est carré. On sent un grand respect. Tu sais par où ton voisin de vestiaire est passé pour en arriver là, il sait aussi par où tu es passé. Ça crée une communauté d’esprit. Pour mon premier match [0-4 à Lyon, le 6 août 2013], j’avais la boule au ventre. Quand j’ai été remplacé à l’heure de jeu, j’avais des crampes : les jambes tétanisées, c’était à cause de ça (il montre son cerveau). Dans le jeu, j’avais tendance à me dire que je pouvais compenser des petites erreurs de placement grâce à ma vitesse. En Ligue 1, ça ne se passe pas comme ça (sourire): une erreur et c’est filoche.

L’adversaire

M.H.: La première fois que tu joues en L1, tu concrétises un rêve qui t’a porté des années durant. Pour moi, c’était à Nantes en mars 2014 – ils m’ont testé en frappant de loin, leur entraîneur avait dû leur dire qu’en face, il y avait un petit jeune (sourire). Quand j’ai vu le nombre de caméras, ça m’a fait drôle. Dans le foot, tu es jugé constamment, tu vis même avec cette idée à l’entraînement.

J.A.: Je me rappelle un match à Nantes, l’un des premiers que j’ai disputés en Ligue 1. J’étais sans arrêt au duel contre Issa Cissokho [l’arrière droit, opposé par nature à l’arrière gauche adverse, ndlr] et il n’a pas cessé de m’encourager et de me féliciter, y compris sur des actions où je prenais le dessus : « C’est bien petit, continue», etc. Pourtant, je ne le connaissais pas. Peut-être qu’il s’est rappelé avoir été jeune. Je sais aussi qu’il est parti de loin, qu’il est resté longtemps dans les divisions amateurs et qu’il a galéré : peut-être que, du coup, il est sensible au prix à payer pour accéder à ce niveau. Je me dis que c’est vraiment un bon gars.

Le décalage

M.H.: Quand j’ai intégré le monde professionnel, vers 17 ans,mes parents et mes entraîneurs m’ont expliqué ce qui allait se passer, les nouveaux «amis», tout ça. Ça n’a pas été facile de faire le tri pour autant. Ecoutez, maintenant, je ne cherche même plus à comprendre. J’ai mes amis de longue date, mes parents, mon agent, et c’est tout. Je serre les mains, je souris sur les photos mais pas plus. Il faut être mature très vite. Tu entends souvent : « Ce n’est pas le moment de déconner », la diététique, se coucher de bonne heure…

J.A.: Mon père m’a expliqué très vite que des gens allaient essayer de profiter. Je lui parle de tout. Parfois, je vais le voir avec une nouvelle connaissance, il fait son analyse et, plus tard, il me donne son ressenti. Il n’a jamais tort.Après, ce n’est pas parce que ça marche pour toi que tu vis sur une autre planète. Quand je revois mes potes d’enfance à Toulon, ils me taillent sur mes erreurs. Je sais que ça me fait beaucoup de bien. Le pire, c’est le mec qui va dans ton sens, celui qui te dit : « Ce n’est pas de ta faute. »

L’ambition

M.H.: Je dois m’exprimer plus, forcer mon caractère.Diriger sur le terrain un défenseur à 150 matchs de Ligue 1 alors que tu en as disputé 10, ce n’est pas naturel. Sinon, quand je partageais la même chambre [puis le même appartement] que Jordan au centre de formation, on parlait souvent de nos parents, du fait que, si on réussissait, ils pourraient arrêter de travailler, etc. A la limite, on faisait plus ça pour eux que pour nous. Maintenant, on regarde ensemble des résumés de matchs que l’on joue et on voit notre nom dans Nice-Matin. C’est quand même incroyable.

J.A.: Doublure la saison passée, titulaire cette année. La prochaine étape, c’est l’amélioration des statistiques, le nombre de duels gagnés et d’interceptions, les buts. A côté de ça, je parraine une association permettant à des personnes frappées de déficience intellectuelle de faire du sport [Special Olympics, en partenariat avec l’OGC Nice], il y a des Jeux qui leur sont réservés qui se tiendront cet été en Californie. On m’a dit récemment : « Tous les hommes ont joué au foot dans la famille. Mais tu es le seul à en avoir fait ton métier. » Quand je me lève le matin, c’est pour jouer au foot. Quand t’y penses !






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Nice - Lorient : 3-0





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Pts J V N D Diff
 3.    Monaco 52 28 15 7 6 +15
 4.    Lille 49 28 13 10 5 +17
 5.    Nice 47 29 13 8 8 +9
 6.    Lens 43 29 12 7 10 +6
 7.    Lyon 41 29 12 5 12 -7



   26e  sam. 16/03 (21h) Lens - Nice : 1 - 3
   27e  dim. 31/03 (15h) Nice - Nantes : 1 - 2
   28e  dim. 07/04 (15h) Reims - Nice : 0 - 0
   30e  ven. 19/04 (21h) Nice - Lorient : 3 - 0
   29e  mer. 24/04 (21h) Marseille - Nice
   31e  dim. 28/04 (15h) Strasbourg - Nice
   33e  ven. 10/05 (21h) Nice - Le Havre


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