Nice a déjà perdu la bataille du rail

Dans l'euphorie de la victoire au stade Louis II, les supporters niçois se voyaient déjà à plus de 20000 au Stade de France au soir de la finale de la Coupe de la Ligue contre Nancy, le 22 avril prochain. Quinze jours plus tard pourtant, c'est la douche froide. Exception faite des quatre avions charters réservés par le club, la SNCF n'est en mesure d'affréter, pour l'heure, que quatre tout petits trains spéciaux. Pas un de plus : soit 3200 à 4000 places maximum! L'OGC Nice aurait-il déjà perdu la bataille du rail ?

Même en comptant les cinq milliers de « fanatiques » prêts à faire le pèlerinage du Stade de France à pied, à cheval, en voiture ou en car, on est très loin du compte. « Si rien ne bouge, on va se retrouver au mieux à 9000 face à plus de 30000 Nancéens et, avant même le coup d'envoi, on aura perdu la bataille des tribunes », s'inquiète un employé de l'OGCN. Du coup, la polémique couve.

10 000 places de trains au départ de Nancy

« Nancy qui n'est pourtant qu'à trois heures de voiture de Paris a obtenu 11 trains spéciaux en un clin d'oeil, s'emporte Renaud Maccheroni, supporter du Gym. Et nous, il faudrait qu'on se contente de 4000 malheureuses places alors qu'on en réclame 10000. C'est à se demander si Nice est bien en France ». La première flèche est identitaire. Jean-Marie Gasparini, président du club des supporters du Gym, ne se prive pas d'en décocher une autre : « En 1997, on avait remporté la Coupe de France dans un stade totalement hostile où les 6000 Niçois étaient étouffés par 25 000 Guingampais. Mais cette fois, on peut vraiment être 20000. Alors c'est scandaleux de priver toute une ville de cette fête. Oui, tout une ville. Tout le monde veut en être. Pas seulement les supporters. J'ai des demandes qui arrivent de partout : ici, 200 fonctionnaires de la CANCA à Vence ou à Cagnes qui cherchent un moyen pour monter en famille, là, un groupe de villageois de Blausasc... Et j'en passe. »

Recherche wagon en Italie...

Au siège de l'OGCN, c'est du coup le branle-bas de combat depuis plus d'une semaine. Au côté du président Maurice Cohen, Gilbert Stellardo, principal actionnaire du club rouge et noir est monté personnellement au créneau.
Moins pour éteindre la polémique qui couve sur l'air de « qui la faute » que pour trouver une issue : « C'est toujours la même histoire. Nice est en bout de ligne contrairement Nancy, et en plus, la SNCF nous dit ne pas avoir ici suffisamment de matériel pour organiser ces trains spéciaux. » Alors quoi ? Aucune piste n'est écartée. L'OGCN a même décidé d'entrer en contact avec la SNCF italienne : « Nous irons voir si la Ferrovie dello stato peut mettre des trains à la disposition de la SNCF ». Mais cette quête un peu ubuesque façon « recherche wagon désespérément » est, et aussi, très hypothétique... Le temps est pourtant compté location des 21000 places de stade mises à la disposition des Niçois sera ouverte dès 2 mars.

Un déplacement... sur le terrain politique

Alerté par Maurice Cohen et Gilbert Stellardo en milieu de semaine dernière, Christian Estrosi, président du conseil général et ministre de l'Aménagement du Territoire, est personnellement intervenu dés jeudi dernier auprès du PDG de la SNCF, Louis Gallois. Ainsi qu'auprès du ministre des Transports.
Face à l'engouement que suscite l'épopée foot de L'OGCN, cette finale de la Coupe de la Ligue est donc devenue une affaire dont on parle au sommet de l'Etat. Et sur ce terrain-là, la Côte d'Azur sait pour une fois jouer des deux pieds. Du droit d'abord. Puis du gauche hier... puisque Patrick Allemand (PS) est intervenu par courrier toujours auprès de Louis Gallois.

La SNCF n'a plus de wagons a accrocher

« Qu'on ne nous accuse pas de faire de l'obstruction. La SNCF aurait tout intérêt à vendre 10000 places de train plutôt que 4000. » A la direction régionale de Marseille, Michael Diradourian tient à mettre les points sur les « i » : « Nous n'avons pas dit notre dernier mot, mais ce dossier est très compliqué dès lors que la finale Nice-Nancy tombe en plein retour des vacances de Pâques. » Sur un week-end de rush ferroviaire donc, synonyme pour la SNCF de « réseau saturé ». « Les trains étant bondés, le déplacement des supporteurs niçois ne peut passer que par la mise en service de trains supplémentaires. Or nous ne disposons pas physiquement des locomotives ni des rames susceptibles d'acheminer 10000 supporters niçois à Paris. Nous allons tout faire pour augmenter notre offre de transport, mais 10000 c'est vraiment énorme ». En clair, le filet d'espoir semble bien mince. Au grand dam des clubs de supporters : « Sans train, c'est la cata. Qui a les moyens de payer 400 € pour assister à un match de foot ? or c'est le prix du billet sur les charters affrétés au départ de l'aéroport Nice-Côte d'Azur. Et quand bien même, on casserait tous notre tirelire, ce ne sont pas quatre avions spéciaux et quelques rares places sur les navettes - elles aussi saturées pour cause de retour de vacances - qui permettront aux Niçois d'aller encourager en masse les Aiglons. »