Sous la coupe de Diawara

Etincelant face aux Ajacciens, l'attaquant niçois réalise une saison en tous points remarquable
Mardi soir, il a emballé tout le monde. Spectateurs, coéquipiers, téléspectateurs, journalistes. Kaba Diawara a fait l'unanimité. Et s'il a crevé l'écran, ce n'est pas uniquement à cause de ses cheveux à la "Jackson Five".

Certes, avec sa coupe du soir, on l'aurait bien vu chanter avec la famille de Michaël, tourner dans un film de Tarantino ou jouer au basket aux cotés des Harlem Globe trotters. Il se sera contenté de marquer un but et bien plus d'esprits...

Cette coiffure lui coûta d'ailleurs quelques messages d'amis chambreurs comme ceux des Parisiens Dehu ou Fiorèse qui, entre deux coups de chapeau, ne se privèrent pas de lui glisser quelques vannes bien senties.

Hier, le chevelu avait pris rendez-vous chez son coiffeur.

Mais sa tête n'a pas fini de hanter les nuits des défenseurs ajacciens. Appels, contrôle orientés, déviations, ouvertures, frappes. Il fit cauchemarder ses gardes du corps très vite dépassés par tant de maîtrise.
Pour l'OGCN, en revanche, il continue d'être l'attaquant rêvé. Celui qui claque. Celui qui ouvre les voies menant au bonheur.

Le grand frère

Cette victoire, il la voulait. Pour gommer la rature sedannaise. « On désirait tous réagir. Une telle gifle fait toujours mal. Elle fait aussi réfléchir. En entrant sur le terrain, on ne pouvait pas ne pas penser à Sedan.

Ce qui explique peut-être notre entame hésitante. Alors; on a flotté pendant vingt bonnes minutes. Puis, on s'est mis à gagner les duels. Enfin, le coup franc d'Everson a chassé les derniers doutes. En marquant assez vite, on s'est rendu le match facile. A la mi-temps, Ajaccio était éteint...», avance le buteur lumineux qui est aussi un passeur éclairé.

Parce que c'est bien lui qui aura fait briller Ayeli sur un deuxième but fatal aux illusions corses.

Il raconte : « Je perce. Je peux frapper mais je vois Serge sur la droite. Idéalement placé. Je temporise avant de lui donner. C'était la meilleure solution ».

Et comment !

C'est ainsi que l'opportuniste "Sergio" signa là son premier but en L1. Inoubliable.

Après l'avoir chaleureusement remercié, le bienheureux lui renvoya l'ascenseur. D'un petit coup de tête ciblé. « Il m'a servi un ballon en or, mais je me suis un peu précipité et Trévisan est bien sorti. Mais cette fois, notre duo a parfaitement fonctionné. On avait beaucoup parlé avant le match. A Nice, tout le monde donne et reçoit. Ce collectif, c'est vraiment notre force ».

Huit buts, trois passes décisives

A bientôt 27 ans (il les fêtera le 16 décembre), le Toulonnais offre aux siens du caviar à la louche et des tranches de son expérience de grand voyageur. « Il me faut amener un petit plus à l'ensemble. Et comme je suis l'attaquant le plus âgé du groupe, je me dois d'aider les plus jeunes en leur transmettant un peu de mon vécu. Comme un grand frère ».

Mardi, la nuit du généreux s'illumina, également, d'un but de chasseur. Le huitième d'une saison jusque-là bénie des dieux.

« Je n'avais plus marqué depuis Lyon. Bien sûr, je commençais à trouver le temps long...», affirme celui qui garde secret son petit objectif "perso". « Je ne vais pas jouer les fanfarons et claironner mes ambitions. Je ferai les comptes en fin de saison. Mais je n'oublie pas les passes décisives. Aujourd'hui, j'en suis à trois ».

On appelle ça le sens de la famille. La tribu "rouge et noir" a trouvé en lui un attaquant providentiel et un homme vrai qui aime savourer l'air des sommets.
« Notre classement est un bonheur simple qui ne nous change pas. On ne se prend pas pour ce qu'on n'est pas. Alors, on vise toujours le maintien. Mais on ne se gênera pas pour tenter d'aller chercher plus grand, plus haut...»

Présent lors des 18 rendez-vous du Gym, Kaba Diawara va peut-être souffler lors d'une Coupe de la Ligue qui mènera les Aiglons à Créteil samedi.

« Je suis resté près de deux ans sans jouer. Alors, aujourd'hui, j'en profite. Je ne vais quand même pas me plaindre », se marre l'insatiable qui se verrait bien rester à Nice l'été prochain...

« Mais là, ce sont les présidents du PSG et de Nice qui détiennent la réponse », glisse le prêté au destin de nouveau ensoleillé.

« Je vis les meilleurs moments de ma carrière de footeux. A Nice,,je me sens utile. Important. Je me sens aussi porté. Aimé ».

Même avec la coupe des "Jackson five"

Philippe Camps
Jeudi 05 décembre 2002
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