« On a toujours su réagir »

Quatre buts encaissés, un but valable refusé, quatre cartons jaunes récoltés, un entraineur expulsé, des douches sans eau dans les robinets : ça fait cher l'addition ! A Bordeaux, Nice ne fut jamais à la noce et le retour de Gernot en son négoce s'est soldé par un échec cuisant.

Hier, dans la quiétude du Cap-Ferret, entouré des siens, le coach niçois posait un regard lucide sur cette soirée. « Avant toute chose, j'ai quand même revu le but de Kaba à TPS qui est cent pour cent valable ! Ce n'est plus le même match après ça... Au lieu de nous mettre en confiance et nous permettre de jouer notre jeu, on a été obligés de courir après le score. Et puis il faut le dire, on a noté une très grande agressivité de la part des Bordelais. On a même entendu Elie Baup crier : « Rentrez-leur dedans, il faut leur faire mal ! » A la fin du match, j'ai vu Lange (*) sauter dans les bras d'une autre personne. Ce ne sont pas des choses qui se font à 4-0. Ce n'est pas la peine d'en rajouter... Il faut savoir rester digne ».

Au-delà de ces regrets de circonstance, Rohr n'en dresse pas moins un état des lieux lucide sur son équipe : « On est un peu au bout du rouleau, il faut le reconnaitre, surtout les défenseurs. Derrière, ils ont subi le pressing et supporté la plupart des matchs. Des gars comme Abardonado, Pamarot, Roy sont des garçons généreux qui jouent beaucoup sur leur physique. Ils ont marqué un peu le coup. Il faut tourner la page maintenant. Ce qu'il faut, c'est finir sur une bonne note à Strasbourg. On a toujours su réagir après une défaite, je suis persuadé que les joueurs auront une réaction ».

En Alsace, les Aiglons seront privés d'arguments majeurs tels qu'Everson et Bigné (suspendus), mais pas de leur mentor, dont l'exclusion du banc ne devrait pas avoir de conséquences selon lui : « J'étais vierge de toute sanction avant ce match.

« En fait, M. Bré m'a expulsé parce que j'ai fait une réflexion à l'arbitre de touche à propos d'un hors-jeu une nouvelle fois imaginaire. On peut quand même dire qu'on est tombés sur un arbitrage plus que discutable. Mais ce qui m'a fait plaisir finalement, c'est que lorsqu'on m'a exclu, j'ai été applaudi par toute la tribune d'honneur ! ».

A La Meinau, le coach niçois compte sur le retour de Thibault Scotto dans l'entrejeu. Il s'est félicité également de la bonne rentrée de José Cobos, tout comme celle de Traoré dans l'axe, lorsqu'il a préféré ménager son capitaine en le rappelant sur le banc quand le compteur affichait déjà 3-0.

Everson : « Bordeaux était vraiment plus fort »
Face à des Bordelais qu'on avait rarement vus aussi conquérants dans le jeu et qui, en outre, ont fait preuve d'une nette supériorité technique, l'OGCN a souffert de la comparaison.

D'autant que la marque de fabrique maison, à savoir la capacité des Aiglons à gagner les duels en un contre un, n'était que souvenir à Chaban-Delmas.

Tous les joueurs l'ont reconnu, à l'image de ces quelques mots révélateurs d'Everson : « C'était difficile. Bordeaux était vraiment plus fort. Ils vont tellement vite en déplacement... En plus, on a perdu les duels au milieu ».

Du haut des loges et dans les bras de sa maman, le petit Oscar Rohr - vingt jours à peine - qui assistait à son premier match de football, n'a pas compris que les retrouvailles du papa avec son ancien club aient pu être à ce point gâchées. Sportivement.

De sorte que Gernot nous livrait hier ce sentiment presque incongru, dans la bouche d'un homme qui a la Gironde chevillée au corps et au cœur : « Après tout ce qu'on a vécu là-bas et tout ce que j'ai vu lors de ce match, je me sens encore plus Niçois ! Je peux vous dire que les joueurs n'ont pas aimé la façon dont tout ça s'est déroulé. Ils ont déjà noté la date du match retour au mois de mai et ils aimeraient beaucoup retrouver Bordeaux sur leur route en Coupe de France ».

En attendant de solder un jour prochain ce contentieux, pourquoi ne pas se satisfaire de l'instant présent ? Après tout, comme le souligne avec malice le coach niçois, « Nice est quand même vice-champion d'automne ».

Derrière Marseille et devant Monaco !

Au début de l'été, qui se serait osé à l'espérer ?

(*) Ancien président des Girondins, il fut à l'origine du départ de Gernot Rohr, lorsque celui-ci était entraineur.

Christophe DEPIOT.
Mardi 17 Decembre 2002
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