Bakari Koné : « La taille ne fait pas tout »

Petit par la taille, grand par le talent, Baky Koné réussit comme son club un très bon début de saison. Pour Football365, l’Eléphant de poche fait le tour de son actualité niçoise et ivoirienne.


- Baky Koné, vous donnez beaucoup de plaisir aux observateurs et à vos supporters cette saison, les Niçois vous remercient…
Ça fait plaisir, c’est moi qui vous remercie…

- L’année dernière à la même époque, Nice était 17eme après 11 journées : vous marchez bien, votre club aussi, c’est donc plus facile de marquer ?
Il y a une grande différence en termes de classement et aussi de points. Après la saison dernière, nous avions vraiment à cœur de bien débuter ce championnat. On a pu réussir à le faire. Moi aussi, je débute bien mon championnat : j’ai pu régler presque tous mes pépins physiques. Je suis au top pour pouvoir amener quelque chose à l’équipe. Avec toute la confiance que j’ai, je suis parvenu à faire ce bon début de saison.

- Ces dernières années vous avez connu pas mal de pépins physiques : cela explique-t-il que vous n’ayez pas été aussi décisif à Nice qu’à Lorient malgré deux saisons assez correctes ?
Ce n’est pas qu’à Nice, partout où je suis passé, j’ai rencontré des problèmes avec une vraie accumulation de soucis physiques qui ne m’ont pas facilité les choses. Là, ça va, et en plus il y a le brin de réussite qui se rajoute à tout cela. Ça explique mon bon début de championnat qui accompagne celui d’un club qui a trouvé ce qu’il lui manquait : un brin de folie, un brin de réussite.

- Quand vous êtes titulaire, Nice n’a perdu qu’une fois sur neuf, à Auxerre. A Nancy ou Le Mans, quand vous êtes absent ou sur le banc, le club s’incline systématiquement : vous êtes devenu le porte-bonheur de cette équipe ?
Non, je n’espère pas ! Je dis ça parce qu’il y a tout un groupe qui travaille. Je suis juste là pour bonifier le travail de tous ceux qui sont derrière moi. C’est le boulot du buteur ou de l’attaquant de bonifier le travail de tout un groupe, de débloquer les situations fermées. Sans les joueurs qui sont derrière moi, je ne suis rien. Sans eux, je ne fais pas un début de championnat comme celui-ci.

« Je passe partout »

- A Lorient, vous aviez marqué 24 buts en 35 matchs de L2 à l’époque, ce n’est donc pas une surprise de vous retrouvez aussi décisif dans un laps de temps réduit…
J’ai toujours eu confiance en moi, même quand ça ne marchait pas. Il manque parfois le brin de chance. La saison dernière n’était pas facile par exemple. Le début de championnat avait été très éprouvant. Quand c’est comme ça, la réussite nous fuit ensuite. Là, en démarrant bien, la réussite vient avec. On est mieux, on joue sereinement, tout va bien dans les têtes et comme ça, on n’a pas à gamberger sur autre chose.

- Dans ce championnat physique, les joueurs qui apportent un peu d’originalité sont souvent des joueurs hors-normes physiquement, comme Valbuena, Nasri ou vous, des joueurs qui s’appuient sur leur vivacité plutôt que sur leur force…
C’est clair que la taille ne fait pas tout. Nous nous servons de notre petit gabarit pour avoir de la vivacité et une autre vision du jeu pour compenser notre taille : ça peut nous donner un plus par rapport aux autres. Il faut aller plus vite pour ne pas aller au contact. La taille n’a jamais été un problème pour moi (Baky Koné mesure 1m64, ndlr). Je passe partout… Si j’avais écouté les gens, je n’aurais jamais joué au foot, mais j’ai toujours fait ce que je voulais faire. Si j’écoutais les gens encore aujourd’hui, j’arrêterais de jouer.

- Dans France-Football, fin septembre, vous évoquiez votre foi en Dieu pour expliquer votre bonheur, cette croyance est-elle aussi importante que cela pour vous ?
Dans les moments les plus durs, on est obligé de se remonter le moral et ce n’est pas facile. Moi, j’ai ma foi : tout ce qui m’arrive est la volonté de Dieu. Je ne me prends pas la tête avec les moments difficiles. La foi me permet d’être beaucoup plus « sage », entre guillemets.

« Gourcuff m’apporte encore beaucoup »

- Il y a Dieu pour la foi, mais pour le jeu, il y a les entraîneurs : avec Christian Gourcuff et Frédéric Antonetti, vous avez trouvé deux coachs qui vous apprécient…
C’est très important. Ce sont deux personnalités différentes, deux caractères différents. Mais ils m’aident beaucoup. Christian Gourcuff m’a beaucoup apporté et m’apporte encore beaucoup. Le coach actuel m’apporte aussi son savoir : je m’appuie sur leur confiance pour faire ce que j’ai à faire. Tactiquement, Frédéric Antonetti est très fort également. En plus de ça, il a son caractère affirmé alors que Gourcuff est plus calme : il ne faut pas les comparer, ils ont deux styles différents.

- Ils se retrouveront samedi lors de Lorient-Nice : pour vous, c’est un moment particulier de revenir au Moustoir ?
Oui, ça me fait toujours plaisir de revoir les copains de Lorient. J’ai à cœur de faire un bon match et de le terminer : l’année dernière, je n’ai joué qu’une demi-heure et après je me suis blessé…

- Vous gardez un excellent souvenir de votre passage au club…
Quand je jouais à Lorient, j’avais marqué 24 buts : j’avais la confiance de tout le monde, je pouvais tenter beaucoup de choses avec cette confiance. Quand tu rates quelque chose, tu sais que tout le monde garde sa confiance en toi. Quand on essaie plusieurs fois, ça finit toujours par réussir. La chance tourne et ça permet ensuite de tenter d’autres choses, auxquelles personne ne s’attend.

« En mettre le plus possible avant la CAN »

- Baky, en janvier et février, vous participerez sans doute à la Coupe d’Afrique des Nations avec la Côte d’Ivoire. Un mot sur le tirage au sort : en tombant sur le Nigeria, le Bénin et le Mali, vous n’avez pas été gâté…
Comme lors de la Coupe du monde (les Ivoiriens étaient tombés avec l’Argentine, les Pays-Bas et la Serbie, ndlr). C’est un groupe de la mort, mais c’est une bonne chose pour nous je pense. Si on sort de ce groupe-là, on pourra faire une bonne chose à la CAN, jusqu’en finale.

- La CAN doit servir de tremplin avant la Coupe du monde en Afrique…
(Il coupe) Non, ce n’est pas un tremplin. C’est une grande compétition ! On veut la remporter. C’est la grande compétition de l’Afrique, pas un tremplin. Après, il y aura des éliminatoires pour la Coupe du monde…

- Mais remporter la CAN serait le meilleur moyen d’engranger de la confiance en vue du Mondial en Afrique du Sud…
Oui, çà apporterait beaucoup de confiance pour pouvoir jouer les qualifications sereinement. Mais avant cela, il faut mettre toutes les chances de notre côté pour gagner cette CAN-là. La fois dernière, on était passé juste à côté (la Côte d’Ivoire s’était inclinée en finale, ndlr)…

- En attendant, avec le Malien Cédric Kanté, vous avez montré contre Metz que vous aviez pour objectif de marquer un maximum de buts avant de vous envoler pour le Ghana et la CAN ?
Oui, c’est vrai (rires) ! Je ne vais pas dire que je cherche à être meilleur buteur, mais il y a une compétition entre les attaquants. Je fais partie de cette compétition du meilleur buteur. Je suis parti avec beaucoup de buts en moi. Il faut que j’en mette le plus possible, car si tout se passe bien, je vais partir à la CAN minimum un mois. Ce ne sera donc pas facile de revenir sur les autres s’ils continuent à marquer comme cela.

Olivier DE LOS BUEIS
Football365