Eric Roy : « Une colère froide »

L'entraîneur de Nice, Eric Roy, n'a pas aimé le résultat à Montpellier. Mais plus encore, c'est le manque d'engagement et de maîtrise technique de ses joueurs qui agacent le technicien. Quant à son avenir, Roy ne se sent pas menacé.

- Eric Roy, avez-vous des regrets au vu de la physionomie du match ?
Je ne sais pas, j'ai vu les stats du match. 52/48 de possession, 19 tirs à 15, je pense qu'il y a un penalty flagrant non sifflé pour nous. Après, cette équipe de Montpellier a dans l'ensemble dominé les débats. Mais si on y croit un peu, selon moi, c'est le genre de match qu'on ne doit pas perdre. Je ne dis pas de le gagner. On concède trop facilement des occasions. C'est trop facile pour nos adversaires. On continue dans notre spirale qui est négative. On n'arrive pas à en sortir, même si on a eu un peu de répit avec la Coupe de la Ligue. Mais en ce moment, nous n'avons pas les ingrédients qui permettent de gagner les matchs.

- Il y avait quand même moyen de faire nul avec un penalty ou un peu de réussite sur les deux barres transversales...
Dans un match, vous avez toujours l'opportunité. Encore faut-il vouloir la saisir. Il faut en vouloir plus que l'adversaire. Est-ce que c'était le cas dimanche soir ? Je ne sais pas. Je pense que les joueurs sont conscients de la situation. Ils sont ambitieux, le groupe est de qualité. Il serait temps de montrer ces qualités sur le terrain par des actes. C'est vrai qu'à tous les matchs on dit : « c'est dommage, c'était pas mal. » Mais ça suffit maintenant. Il y aurait pu avoir deux penaltys ? Ils ne sont pas sifflés, c'est comme ça ! On tape les barres ? Il faut taper sous la barre pour que ça rentre ! Il faut essayer de forcer les choses et en vouloir. A un moment donné, il manque le petit truc qui fait la différence. En ce moment, nous n'avons pas ce petit truc. On va faire en sorte que ça arrive rapidement.

- Vous êtes donc frustré ?
Ce n'est même pas de la frustration, moi, je suis toujours en colère quand je perds un match. Donc voilà, ce soir, c'est une colère froide, mais je suis très très remonté à l'intérieur. On va essayer de faire partager ça aux joueurs pour qu'ils essaient de gommer les choses que l'on fait qui ne sont pas belles, qui ne sont pas bonnes. Et on va essayer d'améliorer les bonnes choses, car il y en a également. Mais c'est toujours difficile d'avoir du recul sur ce genre de choses quand les résultats ne sont pas positifs.

« Je suis au service du club »

- Comment expliquez-vous que vous ayez autant souffert dans la dernière demi-heure ?
On est tombé sur une équipe de Montpellier qui, elle, fait un bon début de championnat. Ils allaient être en tête s'ils gagnaient, ce qui est un booster magnifique. Pendant leurs temps forts, ils ont eu la chance de concrétiser. Mais on concède trop facilement des occasions. A un moment donné, il faut beaucoup plus être capable d'être imperméable, solidaire entre nous, je vois trop de choses qui me gênent dans l'esprit de groupe par rapport à ce que je vois sur le terrain, pas par rapport à ce que je vois dans le vestiaire ni dans le travail au quotidien. Mais sur le terrain, j'aimerais vraiment les sentir comme une vraie équipe de guerriers, solidaires, capables aussi de jouer. Ce que je vois en regardant Montpellier. C'est ce qui nous manque un peu pour faire basculer les matchs de notre côté. Il va falloir remédier à ça rapidement car il me tarde de gagner ce premier match.

- Vous aviez aligné au milieu Meriem et Abriel, ce qui laissait Digard un peu seul pour muscler l'entrejeu...
Soit on fait le pari de vouloir jouer, soit on décide de plus muscler l'entrejeu. Après, quand on joue avec des joueurs de ce profil-là, il faut avoir beaucoup plus de maîtrise sur le match et sur le ballon, et on l'a vu surtout sur la première mi-temps, on a eu un nombre incalculable de ballons faciles donnés à l'adversaire, des ballons à trois mètres, à quatre mètres, ce sont des choses du b.a-ba du footballeur. C'est dommage et en même temps je me dis que c'est tellement gros que ça ne peut pas durer comme ça. La première mi-temps laissait beaucoup d'espoirs car on se rendait compte que dès qu'on arrivait à enchaîner les passes on pouvait être dangereux, mais on a eu tellement de déchet... Avec les bons joueurs qu'on a, ils doivent faire mieux. Ils doivent faire plus, et on doit s'y employer dès à présent.

- Craigniez-vous pour votre situation personnelle après ces mauvais résultats ?
Je ne suis pas du tout inquiet. Vous savez, je suis au service du club. Je suis à un moment donné sorti de la boîte parce qu'on me l’a demandé à un moment donné où c'était critique. Je ne me suis jamais défilé, comme je ne me défilerai pas si à un moment donné il faut prendre d'autres orientations. Mais je ne suis pas plus inquiet que je ne l'étais au début du championnat ou l'année dernière quand il fallait batailler pour se sauver, quand on a repris l'équipe quand elle était en difficulté voilà un an et demi. Il n'y a pas de souci pour moi.