Du ballon plein les yeux

Ici, on ne parle plus de points à prendre, de place à assurer, de duels à gagner, etc. Nombreux, vous vous en doutez, sont les Aiglons qui ont vu ou enregistré le fabuleux Manchester-Real de mercredi (4-3).


Plus qu'un match, après l'aller, une promotion vivante pour le foot ! L'occasion était belle de parler du foot pour le foot. L'amour du jeu, la magie du spectacle, ou quand l'adulte redevient enfant, l'espace de 90 minutes. On a beau être des pros, les Aiglons, eux aussi, ont ouvert de grands yeux...

« Il parait qu'on a les mêmes chaussures, mais chez eux, c'est bizarre, le ballon, ça colle au pied », lance Kaba Diawara, coupe retrouvée à la Jackson Five, et sens inné de la formule...

« Avec le Real, marquer, c'est très facile. Vous les croyez en difficulté, c'est une illusion. Une série de passes, une frappe, et c'est dedans. Ça parait simple, mais c'est magique ! ».

« Ce genre de match, c'est un autre monde », souligne Pancho Abardonado, admiratif, lui qui a connu la ligue des champions avec l'OM. « C'est un quart de finale, et vous voyez des joueurs oser des trucs comme pour un match amical, même les défenseurs dans leur surface. Il y a une telle facilité technique ! Ça va très vite et on sent que les joueurs prennent du plaisir »...

« On aurait dit un match de gala, relance Serge Dié. C'est génial de voir qu'avec de tels joueurs, l'enjeu ne tue pas le jeu. C'est aussi une question de philosophie. Au Real, comme à Manchester, on aime le beau jeu. Pour la demi-finale, avec la Juventus, je ne pense pas que l'on se régalera autant ».

Pablo Rodriguez, en bon technicien, évoque la cure de jouvence... « En principe, plus on va vite, moins on est précis. Eh bien, le Real et Manchester, ils ne connaissent pas cette règle. ça joue à 100 à l'heure, et au millimètre... Pour arriver à ce résultat, il faut beaucoup travailler. Mais ça ne suffit pas. A ce niveau, on a à faire à des génies, des exceptions. Des joueurs qui sont nés comme ça ».


« Poussin » : Ronaldo, l'exemple !

« Quel rythme ! », lance le coach adjoint, Gaby Desmenez. Rodriguez a un copain à Manchester, l'Uruguayen Diego Furlan, qui a assisté au match sur le banc. « Après le match aller, il m'a appelé à la maison, confie Pablo. Il n'en revenait pas de la vitesse d'exécution, on s'est mis à rire tous les deux. Il m'a dit : depuis la touche, on avait envie de dire à l'arbitre : oubliez la montre, laissez-nous profiter du spectacle ! ».

Pas étonnant si « Poussin » Meslin n'hésite pas à ressortir un joueur... « Ronaldo ! Trois ballons, trois buts... Il a beau être critiqué à Madrid, il reste un exemple. En plus, il est revenu d'une grave blessure. Son placement, son sens du but, c'est le top ».

Pablo Rodriguez remarque aussi : « Les Zidane, Ronaldo, Raul, Figo... plus la rencontre est importante, la pression est forte, et meilleurs ils sont. C'est aussi cela qui les distingue des joueurs normaux ».

Real-Juve et Milan-Inter en demi-finales. Voilà qui nous ramène forcément à l'Italie... Fabio Cinetti, lui, a connu l'expérience enviée de jouer une saison sous le maillot de l'Inter (95/96) et de participer à deux derbys à San Siro... « On avait fait deux fois 1-1 », se souvient Fabio, qui a toujours eu un faible pour le maillot rayé bleu et noir, depuis l'enfance.

« Cette demi-finale, c'est fantastique, la ville va bouillir !. Mais pour moi, le Milan AC reste quand même le favori », concède Fabio. Quant à Enrico Pionetti, l'entraineur des gardiens du Gym, son sang transalpin ne fait qu'un tour. « Le foot italien a toujours cette culture de la victoire, il avait besoin de retrouver sa fierté. Et puis, tout cela, c'est bon pour le business ».

On ne vous laissera pas sans un mot de Gernot Rohr, pour celui qu'il fit débuter aux Girondins, sur la scène européenne. « Voir Zidane à ce niveau, dans un tel environnement, c'est de l'émotion et énormément de plaisir ».


François PATURLE.
Vendredi 25 Avril 2003
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