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Au nom du père, du fils et du ballon rond

Le Journal du Dimanche, le 13/10/2014 à 19h31

ENQUETE - Travailler en famille n’est pas simple, encore moins dans le football. En L1, les cas particuliers se multiplient.

Attention, dossier sensible. L'OGC Nice en fait actuellement la cruelle expérience : après des débuts prometteurs en février 2013, le défenseur Grégoire Puel (22 ans) est devenu la tête de turc du public local, qui reproche à Claude Puel de garder sa confiance à son fils, au regard de prestations jugées médiocres. Le 2 août, après une terrible bronca lors d'un match de gala contre le Barça, son père l'avait publiquement défendu. Depuis, il ne veut plus aborder le sujet car "tout est matière à interprétation". Les sifflets perdurent et la situation se crispe en interne. Même si, au regard de sa droiture, l'entraîneur des Aiglons ne peut être soupçonné de mélange des genres, ses dirigeants ont pu se demander si cela valait la peine d'insister.

Paulin Puel sait à quoi s'attendre

"Dans n'importe quelle activité, être un "fils de" est compliqué", souligne le président de l'OGCN, Jean-Pierre Rivère. "Il faut constamment prouver qu'on n'est pas que des pistonnés", appuie Julian Dupraz, le jeune (25 ans) directeur des services d'Evian TG, dont son père Pascal est une figure historique et l'actuel entraîneur. La remarque vaut aussi pour Nicolas Girard, adjoint de René à Lille, ou Stéphane Courbis, agent de joueurs et fils de Rolland, coach de Montpellier. Et même pour les dirigeants Laurent Nicollin (Montpellier) et Franck Kita (Nantes), dont les paternels sont propriétaires du club où ils officient. Ce qui est vrai dans tous les milieux professionnels l'est encore plus dans le football, ultra-concurrentiel et ultra-médiatisé.

En mars, Grégoire Puel confiait à Nice-Matin qu'on avait toujours été "plus sévère" avec lui. Marcher dans les pas de son père, depuis sa formation au LOSC, lui a ouvert les portes du monde professionnel. Mais elles lui sont vite revenues en pleine face. À Lyon, la maison familiale avait été taguée d'un "Puel, laisse pas traîner ton fils" ; avant qu'il ne soit mis sur la touche en raison du divorce entre son père et l'OL en 2011. Grégoire dit avoir "la même carapace" que Claude. Actuellement dans la réserve niçoise, son cadet Paulin, 17 ans, est prévenu. "Entre sa filiation et le précédent avec son grand frère, il faudra qu'il soit très bon et fort mentalement pour jouer en équipe première", soupire Jean-Pierre Rivère.

Les rejetons d'anciens joueurs qui passent pros, ce n'est pas une rareté. Mais entraînés par papa, ça l'est. Avant eux, Claude Arribas et Stéphane Santini ont évolué sous les ordres de leurs pères, José et Jacques.

Rolland Courbis, dont le fils Stéphane est passé par le centre de formation de Toulon, imagine les tourments de son confrère niçois : "J'aurais été incapable d'avoir mon fils comme joueur, même s'il avait été super talentueux. Un groupe, c'est déjà compliqué à gérer. Si c'est pour ajouter des problèmes aux soucis… À valeur égale, tu fais jouer qui? J'aurais aussi eu du mal à avoir mon fils dans mon staff."

Nicolas Girard, 36 ans, travaille pourtant main dans la main depuis cinq saisons avec René. D'abord en tant que préparateur physique à Montpellier, où il a contribué au titre de champion en 2012. Puis en tant qu'adjoint à Lille. Cet ancien pro de L2 et de National a passé ses diplômes de préparateur physique à Clairefontaine, sur les conseils de Franck Le Gall, actuel médecin du LOSC et de l'équipe de France. Mais en club, c'est son père qui l'a parachuté à ses côtés. Frédéric Paquet, directeur général adjoint du club nordiste : "Ils forment un binôme très efficace. Nous n'avons aucun retour négatif des joueurs. Même s'il est plus posé que son père, Nicolas a les mêmes qualités : droit, entier, direct…" Les mêmes travers aussi : à Monaco, fin août, Nicolas avait été exclu comme René pour s'en être pris aux arbitres. Par le passé, il avait déjà suspendu deux mois, puis cinq pour avoir participé à une rixe d'après-match. Montrés du doigt, ils ne souhaitent plus s'exprimer sur le sujet.

Du job d'été à la direction des services

A Evian, Julian Dupraz a lui aussi hérité de la grande bouche de son père Pascal, connu pour ses tirades fleuries : il a même été interdit trois mois de pelouse et de vestiaire d'arbitres la saison passée pour "propos injurieux et menaçants". Lui qui a commencé par un job d'été au secrétariat du club haut-savoyard fait remarquer qu'il est "au même niveau hiérarchique dans l'organigramme" que son paternel aujourd'hui.

"Bien sûr, c'est lui qui m'a mis le pied à l'étrier. Mais j'en suis à mon troisième président et tous m'ont fait progresser, insiste-t-il. Le principal avantage, c'est le travail en confiance. Ça ne veut pas dire qu'on est toujours d'accord. En tant que responsable médias, j'ai été surpris de sa sortie sur les "mécréants" (ses détracteurs, auxquels il demandait aussi de "fermer leur gueule"). Je lui ai dit qu'il avait été vulgaire." S'il informe son père de l'épaisseur de l'enveloppe des transferts, celui-ci n'aime pas être titillé sur la tactique : "Notre plus grand moment de tension, c'est quand il a dit dans que j'avais arrêté ma carrière de joueur à 5 ans et que je tenais quand même à lui expliquer le foot…"

Les Courbis, eux, ne se côtoient pas au quotidien mais parlent souvent ballon. "Je lui demande si tel club conviendrait à tel joueur, explique Stéphane, agent après avoir été coordinateur sportif à l'OM quand Rolland y entraînait (1997-1999). Son expérience m'évite de commettre des erreurs." Mais entre la réputation de l'un et le métier de l'autre, la suspicion de collusion d'intérêts a escorté leur relation. "Dire cela implique qu'il y ait malhonnêteté, balaye l'entraîneur de Montpellier. Je l'ai encouragé à profiter du répertoire de papa. Les fils de Ferguson ou Lippi sont aussi agents. Si on pense qu'un fils qui fait profiter son père d'une bonne affaire, c'est malsain… Mais moi, s'il ne le fait pas, je l'étrangle!"

A Montpellier, Stéphane a placé Daniel Congré et Víctor Hugo Montaño, mais avant l'arrivée de son père. Comment l'agent défend-il leurs intérêts devant l'entraîneur? "Comme il a peur qu'on dise que ses joueurs sont avantagés, il s'inquiète de savoir s'ils ne vont pas au contraire être désavantagés", soupire Rolland. Stéphane : "Si j'estime qu'un de mes joueurs mérite plus de temps de jeu, je peux en parler à mon père. Mais il m'enverra balader." De toute façon, à Montpellier, c'est la famille Nicollin qui tranche. Cet été, Rolland Courbis visait un joueur de l'écurie de son fils. Il a été retoqué en haut lieu.

À Nantes, les joueurs appellent le fils "Président"


"Rien ne se fait sans l'accord de mon père", confirme Laurent Nicollin, président délégué du MHSC depuis dix ans. S'il est élu à l'UCPF et à la Ligue, le fils de Loulou a du mal à définir l'étendue de son rôle, à la droite du truculent géniteur, aux commandes depuis 40 ans : "Sur le recrutement, je déblaie en amont mais c'est lui qui tranche. L'avantage, c'est que les désaccords se règlent discrètement au mas familial." Chez les Kita, c'est plutôt au téléphone. Entre Paris, où le propriétaire Waldemar gère ses affaires, et Nantes, où son fils Franck gère le quotidien en tant que directeur général délégué.

"Je lui rapporte absolument tout. C'est important pour qu'il prenne les bonnes décisions", confie Kita junior, 32 ans, qui arpente la Jonelière jusqu'à 22 heures, grimpe à vélo avec les joueurs lors du stage de préparation et tient ses comptes scrupuleusement. Son père, qui a englouti 60 millions d'euros en sept ans, approuve : "Il est plus économe que moi. En même temps, je lui ai payé une école pour ça! Lorsque j'ai été hospitalisé, Franck en a profité pour se séparer de certaines personnes au club. Avec le recul, c'était une bonne décision."

Plus diplomate, le fils se dit en revanche plus difficile à convaincre que son père. "Il faut me soumettre de longs argumentaires", sourit celui que des joueurs appellent désormais "Président". Mais il n'a pas, jure-t-il, la tentation d'être calife à la place du pater. Il ne s'agirait pas que les relations professionnelles débouchent sur une crise familiale. Quand les résultats ne suivent pas à Évian, Pascal Dupraz se met à imaginer le pire. "Il me dit parfois : 'J'attends le jour où tu vas me convoquer dans ton bureau, tout transpirant, pour m'annoncer que je suis viré'", sourit Julian.

Damien Burnier, Mickaël Caron, Solen Cherrier et Olivier Joly
Le Journal du Dimanche







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Marseille - Nice : 2-2

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dim. 28/04/2024 à 15h



Pts J V N D Diff
 3.    Brest 53 30 15 8 7 +15
 4.    Lille 52 30 14 10 6 +17
 5.    Nice 48 30 13 9 8 +9
 6.    Lens 46 30 13 7 10 +7
 7.    Rennes 42 30 11 9 10 +8



   27e  dim. 31/03 (15h) Nice - Nantes : 1 - 2
   28e  dim. 07/04 (15h) Reims - Nice : 0 - 0
   30e  ven. 19/04 (21h) Nice - Lorient : 3 - 0
   29e  mer. 24/04 (21h) Marseille - Nice : 2 - 2
   31e  dim. 28/04 (15h) Strasbourg - Nice
   33e  ven. 10/05 (21h) Nice - Le Havre
   32e  mer. 15/05 (21h) Nice - PSG


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