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Patrick Vieira : « J'ai l'air calme, mais à l'intérieur je bous »

Le Journal du Dimanche, le 06/05/2019 à 13h45

Joueur qui en imposait, Patrick Vieira réalise une mue remarquée en entraîneur à la force tranquille. L'ancien champion du monde raconte son nouveau métier, à l'OGC Nice, avec ses mots bien choisis.

Invité de la Matinale économique délocalisée dans le centre d’entraînement de l’OGC Nice jeudi matin, Patrick Vieira s’est montré bavard au moment d’évoquer les ressorts de son métier d’entraîneur, découvert à l’académie de Manchester City (2013-2015) puis au New York City FC (2016-2018) avant d’embrasser le projet azuréen l’été dernier. L’ancien milieu dominateur d’Arsenal, champion du monde et d’Europe avec l’équipe de France en?1998 et 2000, en a raté le début de la séance d’entraînement. Cela n’a pas empêché le technicien de 42?ans d’approfondir le sujet avec le JDD.

- Dans son dernier livre, votre ancien partenaire Zlatan Ibrahimovic écrit que vous avez "la capacité de travail d'un cheval"…

[Il coupe.] Il a dit ça ? C'est ce que réclame le job. J'aime être sur le terrain, plus entraîneur que manager, même si l'un ne va plus sans l'autre. Ça prend du temps de préparer les séances, de mettre en place une philosophie, une relation avec les supporters, la direction, les joueurs. Mon métier, c'est de connaître mes joueurs par cœur. Quand l'un d'eux passe à côté de son entraînement, je dois savoir pourquoi. Je suis obligé de faire du social pour en tirer le maximum. Plus le joueur est léger à l'intérieur, mieux il se sent sur le terrain. En revanche, ce que je n'avais pas connu en Angleterre ni aux États-Unis, c'est la difficulté à gérer un groupe face à l'attente du résultat. Ça crée des états d'âme.

« Mario Balotelli avait un ego différent qui n'était pas au service des autres. Ce n'est pas un méchant mais, compte tenu de mon projet, travailler avec lui c'est beaucoup plus difficile qu'avec un autre »


- Pour qu'un groupe reste uni, aucune tête ne doit dépasser?
Joueur, j'ai connu des vestiaires avec de gros ego. J'en avais un moi-même, sans ça je n'aurais pas fait carrière. Bien géré, c'est une qualité. L'idéal, c'est qu'il s'imbrique dans le collectif. Mario Balotelli avait un ego différent qui n'était pas au service des autres. Ce n'est pas un méchant mais, compte tenu de mon projet, travailler avec lui c'est beaucoup plus difficile qu'avec un autre. Avec le recul, j'aurais dû le laisser partir plus vite. Il avait décidé de s'en aller, est arrivé en retard en stage. Mais on a discuté et on a essayé. Ça n'a pas fonctionné ; je le constate sans amertume ni agressivité.

- Comment l'entraîneur flegmatique a-t?il succédé au joueur agressif que vous étiez?
En parlant à d'autres entraîneurs, j'ai compris qu'il ne fallait surtout pas jouer un rôle. Les joueurs le sentiraient. Dans le vestiaire, je suis entièrement moi-même. J'ai envie d'être dans l'échange pour leur faire comprendre ma façon de faire. J'ai l'air calme, mais à l'intérieur je bous. Je suis capable de changer le ton de ma voix et les joueurs comprennent aussitôt. Dans l'ensemble, ils ont été très bien cette saison, surtout au regard de nos difficultés extra-sportives [changement de direction en janvier, rumeurs de rachat par l'homme d'affaires anglais Jim Ratcliffe depuis]. Pour autant, on aurait pu faire mieux. Un entraîneur n'est jamais satisfait.

- S'adresse-t?on de la même façon à Christophe Jallet, 35 ans, qu'à Allan Saint-Maximin, 22 ans?
Avec Christophe ou Dante, on est dans l'échange. Avec les plus jeunes, je suis directif pour qu'ils sachent précisément ce que j'attends d'eux. Certains me tutoient, d'autres non. La plupart m'appellent "coach", ça leur évite de choisir. En tout cas, je n'ai fixé aucune règle. Il y a un cadre suffisant par ailleurs.

« La crédibilité d'avoir fait carrière a duré les trois premières semaines après mon arrivée à Nice. Ce qui compte aux yeux des joueurs, c'est l'organisation, les idées »


- Les jeunes ont-ils changé par rapport à vos propres débuts professionnels, à 17 ans, à Cannes?
La mentalité en France aujour­d'hui, c'est de tout donner au joueur avant qu'il ait fait ses preuves. C'est une déformation du modèle économique de nos clubs. Ce qui m'a frappé le plus après les matches cette saison, c'est qu'ils attrapent leur téléphone, vont sur Instagram avant même d'enlever leurs chaussures ou leur maillot. Au lieu de me battre contre ces nouveaux médias, j'ai choisi de les utiliser : à chacun, le staff envoie un montage vidéo de cinq à dix minutes de son prochain adversaire direct, par exemple Cavani pour Dante cette semaine. Quand on débriefe ensemble, je me rends compte que 90 % des joueurs s'en sont servis.

- Qu'y a-t?il d'Arsène Wenger chez vous, après neuf saisons passées sous ses ordres à Arsenal?
Sa relation avec les joueurs m'a toujours plu. C'est parce qu'il a transmis une grande confiance que beaucoup de ceux qu'il a dirigés ont réussi. Si un jour j'ai une décision importante à prendre, je sais que je pourrai compter sur ses conseils. Le retrouver sur un banc de Ligue 1 la saison prochaine ? Il a beaucoup de choix. En ce moment, il voyage pas mal.

- Votre immense CV de joueur est-il une forme d'immunité?
Je vais vous dire : la crédibilité d'avoir fait carrière a duré les trois premières semaines après mon arrivée à Nice. Ce qui compte aux yeux des joueurs, c'est l'organisation, les idées. Mon CV m'a permis de capter leur attention, mais c'est le contenu quotidien qui fait la différence. C'est peut-être médiatiquement que mon passé m'a donné du temps. Je n'ai pas été critiqué cette année, mais je le serai dans un an ou deux. On ne verra plus une longévité comme celle d'Arsène Wenger à Arsenal. Lorsque je me suis lancé, j'avais intégré que la vie d'un entraîneur était courte.

« Thierry Henry écoute, analyse très bien les situations et reviendra parce qu'il est passionné »


- Votre ami Thierry Henry n'a pas eu cent jours pour travailler à l'AS Monaco avant d'être viré sans ménagement…
Après son éviction, on a souvent discuté. Thierry a été marqué mais convient que l'expérience a été intéressante. Il sait qu'il ne pouvait pas tout contrôler. Il écoute, analyse très bien les situations et reviendra parce qu'il est passionné. Moi aussi, je vais me servir de ce qu'il a vécu.

- En Italie régulièrement mais aussi en France et ailleurs, des joueurs noirs sont insultés. Comment réagir?
Les fédérations, la Fifa, les gouvernements nationaux doivent prendre leurs responsabilités. Donner des amendes aux clubs, ça ne sert à rien. Il faut taper plus haut pour avoir de l'impact. Je regarde tout ce qui se dit et je regrette qu'on trouve toujours une excuse : untel a commis un lapsus, un autre dit qu'il agit puisqu'il a pris Bernard Diomède comme entraîneur [installé comme sélectionneur de l'équipe de France U20 par Noël Le Graët]. À force de se renvoyer la balle, aucune décision forte n'est prise. Jusqu'au jour où des joueurs, noirs ou blancs, quitteront le terrain. Ce sera négatif pour le football. Mais si demain un de mes joueurs décidait de quitter le terrain, je le suivrais, bien sûr.






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13e journee de Ligue 1
dim. 01/12/2024 à 17h


Lyon - Nice : 4-1

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  14e journee de Ligue 1
sam. 07/12/2024 à 19h



Pts J V N D Diff
 4.    Lille 23 13 6 5 2 +8
 5.    Lyon 22 13 6 4 3 +6
 6.    Nice 20 13 5 5 3 +8
 7.    Lens 20 13 5 5 3 +3
 8.    Auxerre 19 13 6 1 6 0



   11e  dim. 10/11 (15h) Nice - Lille : 2 - 2
   12e  dim. 24/11 (20h45) Nice - Strasbourg : 2 - 1
  jeu. 28/11 (21h) Nice - Rangers : 1 - 4
   13e  dim. 01/12 (17h) Lyon - Nice : 4 - 1
   14e  sam. 07/12 (19h) Nice - Le Havre
  jeu. 12/12 (18h45) Saint-Gilloise - Nice
   15e  dim. 15/12 (15h) Montpellier - Nice


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