Interviews :
Romain Perraud : « Quand j'étais petit, on m'appelait l'Allemand »
Onze Mondial, le 26/06/2019 à 22h54
La Ligue 2 est un championnat qui recèle de nombreux talents. Chaque année, plusieurs pépites franchissent le cap et brillent dans l'élite. Tous les mois, Onze Mondial part à la découverte de ces cracks de l'ombre. Prêté au Paris FC par l’OGC Nice cette saison, Romain Perraud (21 ans) s’est révélé comme l’un des meilleurs joueurs du championnat. Des performances qui ont donné des idées à de nombreux clubs de l’élite. Rencontre avec un « latéral casseur de cage ».
ENFANCE
- Comment s'est déroulée ton enfance ?
J’ai grandi avec mes parents à Blagnac, tout s’est très bien passé. J’ai grandi avec mes deux sœurs, l’une plus âgée de trois ans et l’autre plus jeune de six ans. Je suis plongé dans le foot depuis tout petit alors que je suis issu d’une famille de rugbymans, c’est drôle. Moi, dès l’âge 6 ans, je tapais dans le ballon tout le temps et partout avec mes potes. Ça ne me disait rien d’aller au rugby alors que j’aime bien ça. Je suis les résultats, car mon père était entraîneur en Fédéral 1. Ça m’intéressait, j’allais voir les matchs, mais j’avais toujours un ballon rond entre les pieds.
- Tu étais comment à l’école ?
J’étais un bon élève. Élémentaire, très bien, collège, très bien, au lycée, c’était plus compliqué, même si je restais un bon élève. Je savais que je voulais devenir footballeur professionnel. J’avais la tête ailleurs, car j’étais focalisé sur mon rêve alors que j’étais à Colomiers, un club amateur. Au fond de moi, j’étais persuadé d’y arriver.
- Tu es allé jusqu'où à l’école ?
J’ai obtenu mon bac STMG à Nice. Comme je n’étais pas encore professionnel, j’ai enchaîné par un BTS MUC que j’ai décroché. À la fin de ma 2ème année de BTS, j’ai obtenu mon 1er contrat pro et c’est à ce moment-là que j’ai arrêté les cours pour me concentrer sur le football.
- Comment le foot est venu à toi ?
Avec les potes, mais aussi avec mon grand-père passé par le TFC dans sa jeunesse. J’étais abonné au stade et j’y allais avec lui, dès l’âge de 6 ans. Ça m’a aidé à tomber amoureux de ce sport. C’est aussi instinctif, c’est très rapidement devenu une passion.
- Tu as une histoire marquante sur ton enfance ?
J’ai connu une période assez difficile. Ça n’a pas toujours été facile, car ma grande sœur a été atteinte d’anorexie. Mon père entraînait à une heure de la maison donc il n’était pas souvent là la semaine, ma sœur, elle, se trouvait à l’hôpital. Ce n’était pas facile comme période. Mon père a dû arrêter d’entraîner pour être plus proche de nous et ça a fait de moi une meilleure personne. Ça a soudé la famille. J’ai gagné en maturité. Et le fait de partir tôt de la maison a beaucoup joué. Dès mes 13 ans, je suis parti en pôle espoir. J’ai l’impression d’avoir grandi plus vite que les autres.
FORMATION
- Comment as-tu atterri au pôle espoirs ?
J’étais à Colomiers en U13 et j’ai réalisé une très belle saison. À l’époque, au pôle, il y avait Yannick Stopira - un ancien international qui est à Bordeaux maintenant -qui s’occupait du centre technique. C’est lui qui m’a repéré. J’ai tenté le concours du pôle espoirs et j’ai été retenu parmi les 14. Malheureusement, à la fin du pôle espoirs, je n’ai pas trouvé de club professionnel. Je ne rentrais pas dans les critères physiques pour intégrer un centre de formation. Ils me trouvaient trop petit et pas assez physique. Je suis revenu à Colomiers. Je me suis inscrit dans un lycée normal. Ça m’a fait beaucoup de bien de mettre ce pied dans une vie sociale totalement normale, comme les autres. Ça m’a permis de revenir avec beaucoup de fraîcheur. Derrière, j’ai connu des sélections internationales en étant en club amateur puis Nice m’a recruté.
- Ce n’était pas trop dur le retour à la maison après avoir été au pôle espoirs ?
Si franchement. Disons que le plus dur, c’est mon arrivée à Nice. J’ai quitté la maison jeune, mais au pôle espoirs, je rentrais le week-end à la maison. C’était très famille. J’y ai passé deux ans, on était hyper soudés. Quand tu arrives en centre de formation, c’est différent. Quand je suis arrivé à Nice à 16 ans, c’était dur, tu es loin de la famille, tu ne rentres pas, je n’avais pas forcement d’affinités avec les mecs au début. Avec le temps, ça s’est fait.
- À la sortie du pôle espoirs, aucun club n’a misé sur toi, n’était-ce pas une frustration ?
Ça fait mal, c’est une frustration. Ça fait mal à la tête, mais c’est comme ça. Je n’ai jamais lâché, j’ai toujours eu cette sensation que je pouvais y arriver. Depuis tout petit, je répète que je veux devenir footballeur professionnel. Il y a une part de destin, un peu de chance et du travail. Et je me suis retrouvé dans cette situation pour rebondir à Nice.
- C’était un soulagement de signer dans un club pro ?
Ouais, c’était une fierté, mais je pense que là où j’étais le plus fier, c’est quand j’ai signé mon premier contrat pro en mai 2017 parce que j’ai beaucoup galéré. J’ai changé de poste à Nice, je suis passé par les sélections et signer ce contrat, c’était vraiment une fierté. Mes parents étaient fiers de moi, pas par rapport à ce que je faisais, mais par rapport à la personne que j’étais devenue, et ça, c’était ma vraie fierté. Ne pas avoir baissé les bras.
- Qu’est-ce que tu as appris lors de ton passage à Nice ?
À Nice, c’était vraiment top. J’ai connu une très belle formation, j’arrivais dans un projet où tout était remis en cause. J’arrivais sous Puel qui mettait en place une stratégie chez les jeunes en repartant de derrière avec une vraie philosophie. Il y avait beaucoup de jeu au sol, on nous demandait de prendre des risques balle au pied, dans le déplacement avec le ballon, sans le ballon. Je pense que j’ai beaucoup appris à ce moment-là.
- Des personnes t’ont marqué durant ta formation ?
Le coach Thierry Malaspina, maintenant entraîneur des gardiens de Lens, a été mon coach en U19 et j’ai pas mal de souvenirs de lui, car c’était un coach dur qui n’hésitait pas à dire les choses. C’est dur à cet âge-là, il nous disait les vérités en face et nous rentrait dedans. Il faisait ça pour nous faire progresser. J’ai eu aussi un très bon rapport avec le coach de la réserve, Laurent Bonadei. C’est sans doute celui qui m’a fait le plus confiance et ça se passait très bien. J’ai ensuite intégré le groupe pro avec Lucien Favre et ça s’est bien passé.
NICE
- Comment se sont passés tes premiers entraînements avec le groupe pro ? Tu n’avais pas la pression ?
C’est un peu un coup du sort, car je rentre de sélection et Dalbert se blesse alors que je ne m’étais pas encore entraîné avec les pros. J’intègre donc le groupe de Lucien Favre pour deux entraînements et d’entrée ça se passe très bien. J’ai fait bonne impression et tout de suite je l’ai marqué dans le bon sens. J’avais envie de progresser, de travailler, je pense que c’est ce qui a fait la différence. À partir de là, dès qu’il y avait des blessés, il faisait appel à moi et en fin de saison, j’ai signé pro.
- C’est à ce moment que tu t’es réellement senti pro ?
Non, le comportement pro, je l’ai eu dès que je suis arrivé au centre de formation. Je me suis dit : « Tu as la chance d’être dans une structure professionnelle, ce n’est pas donné à tout le monde donc il faut tout faire pour essayer de mettre toutes les chances de son côté ».
- Tu as joué très peu de matchs avec Nice, pourquoi ? Qu’est-ce qui a bloqué ?
Ça a été dur franchement. Ce qui était compliqué, c’est de signer ce premier contrat pro et de me dire que dans la logique des choses, je vais reprendre avec le groupe pro. Et finalement, je reprends avec la réserve. Avec les vacances de certains, on m’appelle quand même chez les pros. Je fais une très bonne préparation, mais je retourne quand même avec la réserve. J’ai passé toute la saison avec la réserve. C’était frustrant. Mais je n’ai pas lâché. L’équipe de France m’a sorti la tête de l’eau, notamment grâce au tournoi de Toulon.
- Tu espérais mieux ou tu t’attendais à ça ?
J’espérais mieux, mais il faut savoir qu’il y avait un très bon groupe à ce moment-là. Il n’y avait pas grand chose à dire. J’aurais au moins espéré m’entraîner avec le groupe. Me faire passer pro pour ne pas m’entraîner avec des joueurs comme Dante, Belhanda, etc… je trouve que c’est une année de perdue. Je ne demandais pas à être titulaire parce qu’il faut être humble, mais au moins m’entraîner, être au contact de ces joueurs et je ne l’ai pas assez été.
- Comment on gère une telle situation ?
Ça a été dur en CFA. Il y avait des moments où je perdais un peu la motivation, car quand tu joues trois saisons en CFA, tu as envie de goûter au niveau supérieur, mais tu vois que c’est bouché et qu’il n’y a pas trop de place. Tu continues à bosser, mais c’est dur. C’est souvent des coups du sort qui te sortent de là…
- Tu as quand même pu découvrir l’Europe…
Oui, bien sûr. Comme le club ne pouvait plus se qualifier en Ligue Europa, Lucien Favre a fait appel à moi face à Krasnodar. C’était une très belle expérience.
- Tu aurais espéré mieux derrière ?
Peut-être, oui. En plus, j’ai réalisé un match plutôt bon, mais derrière, il n’y a pas eu de continuité, même si je m’y attendais un peu. L’année d’après, la dernière de Favre, j’ai pu jouer face au Locomotiv Moscou, c’était quelque chose de très grand. J’étais un peu plus intégré au groupe. Je crois que j’ai fait 9 bancs en Ligue 1, ce n’était pas trop mal quoi.
- Pourquoi n’as-tu pas réussi à gagner ta place ?
Je ne sais pas. Disons que le coach avait ses joueurs dans le sens où il a réalisé une très belle saison dès son arrivée. Et c'est un entraîneur très protecteur. Pour les jeunes, c’était plus difficile. Il n’y avait pas beaucoup de place pour les jeunes sous Favre même si tactiquement et techniquement c’est le meilleur coach que j’ai côtoyé. Il m’a appris plein de choses. Je n’avais peut-être pas forcément les critères selon lui pour commencer un match en tant que titulaire en Ligue 1.
- Quand tu vois la saison de Nice, penses-tu que tu aurais pu avoir une carte à jouer ? Surtout que c’est un central qui évolue à gauche…
Je ne sais pas, car je n’y suis pas. Je ne suis pas là pour spéculer. Ce qui est sûr, c’est que le Paris FC m’a donné ma chance et je trouve que j’ai réalisé une belle saison. Je les remercie de m’avoir donné toute cette confiance.
PARIS FC
- Rejoindre le PFC ne t’a pas fait peur ?
Non, car il fallait que je sorte de mon cocon à Nice. Vieira était venu me voir pour me dire que je ne jouerais pas beaucoup cette saison et que c’était mieux de partir en prêt. Je devais signer à Troyes et le 29 août, Pierre Dréossi m’a appelé. Troyes était intéressé, mais pas prêt à passer à l’action. Alors quand le Paris FC est arrivé et m’a donné ma chance, j’ai foncé.
- Tu n’as pas réussi à inverser la tendance avec Vieira…
Quand je reprends, je ne m’entraîne même pas avec le groupe de Vieira, je m’entraîne à l’écart avec Rémi Walter et Vincent Marcel. On fait uniquement les entraînements avec l’entraîneur adjoint et le préparateur physique. Au fur et à mesure, je commence à gagner une place de titulaire, mais jamais à mon poste de latéral gauche. Mon premier match, je le joue en tant que latéral droit ; le deuxième comme milieu droit ; et les deux derniers en milieu gauche. Donc je joue, je suis titulaire, mais je sens quand même que quelque chose va arriver. Il n’y a aucune fois où je suis utilisé à mon poste. À deux semaines de la fin du mercato, j’ai eu cette discussion avec Patrick Vieira, puis les choses sont rentrées dans l’ordre.
- Tu es originaire du sud de la France. La vie parisienne, ça a dû te faire bizarre…
Ouais, franchement, au début j’avais des a priori, mais j’apprécie vraiment cette vie.
- Quels étaient tes a priori ?
Le mauvais temps, les gens « speed », le caractère, la grisaille. Quand tu arrives, ça fait tout drôle parce que tu trouves que c’est une ville immense, ça n’a rien à voir.
- Comment tu as fait pour t’adapter ?
Je suis tombé sur de très bonnes personnes, de très bons potes qui m’ont intégré très rapidement et mis à l’aise le plus vite possible. J’ai commencé à sortir un peu, à découvrir la vie parisienne. Le fait de ne pas habiter à Paris même m’a permis aussi d’apprécier encore plus cette ville. J’habitais à côté d’Orly, dans le 94, et le week-end, dès que je pouvais sortir manger sur Paris, j’étais encore plus réjoui.
- Tu as progressé sur quels plans au PFC ?
J’ai beaucoup mûri, car j’étais un des plus jeunes du groupe. Il n’y avait pratiquement que des pères de famille. J’ai appris à vivre comme un adulte dans la vie en dehors, car c’est très important pour moi. J’ai beaucoup appris des personnes, des gars très enrichissants, il y avait beaucoup de culture dans le vestiaire et un super esprit collectif de mélange.
RETOUR À NICE
- Tu comptes faire quoi cet été ?
Je vais aller en vacances, j’ai besoin de souffler, l’année a été longue. Je vais reprendre avec Nice début juillet et à partir de là, on fera le point sur mon avenir.
- Le changement de direction pourrait t’être bénéfique, non ?
Oui et non, je ne sais pas franchement. J’étais loin de tout ça cette année. Ils ont certainement dû préparer la saison suivante. Mes agents ont contacté le directeur sportif, Gilles Grimandi, et on a un peu discuté. Rien n’est fixé, après mes vacances, on verra.
- Le club recherche un latéral gauche…
Oui c’est vrai. Je sais qu’ils recherchent un arrière gauche. C’est vrai qu’avec la saison que je viens de passer au Paris FC, j’ai des propositions donc c'est positif. Je suis un peu sous le feu des projecteurs, mais j’appartiens à Nice donc on verra. Je ne peux pas me prononcer.
- Nice ferait une bonne affaire en te gardant ?
Une bonne affaire, je n’en sais rien, seul l’avenir le dira. Moi, je ne peux pas le dire.
PERSONNALITÉ
- Si tu devais présenter Romain, tu dirais quoi ?
Je suis une personne très généreuse. Quand j’aime les personnes, je donne beaucoup. Même sur le terrain, ça se matéralise, si je dois faire des efforts, je les fais. J’estime être assez modeste, humble. J’ai aussi des défauts ! (rires). Je suis un peu mauvais perdant, quand ça ne tourne pas de mon côté, je n’aime pas. Je suis un vrai compétiteur. Ma qualité première, c’est d’être une personne gentille et généreuse.
- Tu es un gros travailleur en dehors des entraînements ?
Ce qui aide, c’est que je fais quelque chose que j’adore. Ce n’est pas forcément le cas pour tout le monde. Quand tu aimes vraiment ton métier, c’est naturel, je travaille sans m’en rendre compte. Si je fais une séance de renforcement musculaire, je sais que ça va être dur physiquement, mais je vais le prendre comme du plaisir, pas comme du travail.
- Quelle est la place de ta famille dans ta carrière ?
Aujourd’hui, ce dont je suis le plus fier, c’est que mes parents me laissent complètement tranquille par rapport à ça. Je le répète, ils m’aiment pour la personne que je suis et pas pour ce que je fais. Ce n’est pas parce que je joue en Ligue 2, que je suis plus apprécié que mes sœurs. Pas du tout. Ils aiment le fils qu’ils ont vu évoluer et grandir et la personne que je suis en train de devenir.
- Tu es sous le feu des projecteurs. Comment tu gères cette mise en lumière ?
Je n’ai jamais douté de mes qualités. Aujourd’hui, il y a des joueurs de CFA qui peuvent jouer en Ligue 2 ou Ligue 1. L’évaluation se fait par rapport aux coachs, aux systèmes de jeu, aux blessures, aux opportunités, à la chance aussi… Le football va très vite, c’est la vérité. Ça dépend de beaucoup de facteurs. Je savais que si un jour on me tendait la main, j’allais être prêt à prendre mes responsabilités et à sauter sur l’occasion pour démontrer mes qualités. C’est ce qui s’est passé avec le Paris FC.
- Tu t’imaginais être considéré comme un des meilleurs arrières gauches de Ligue 2 en début de saison ?
Non, mais je ne me considère pas comme ça, il ne faut pas tout confondre. Je pense notamment à Thomas Delaine qui était au Paris FC et qui joue maintenant à Metz, c’est le meilleur du championnat. Moi ce n’est que ma première saison en pro, j’ai beaucoup à apprendre. Mais je suis content quand même !
STYLE DE JEU
- Tu te définis comme quel type de latéral ?
Un peu moderne, comme ceux qu’on fait aujourd’hui. J’adore attaquer, mais aujourd’hui ma plus grande fierté, ce n’est pas mes buts, mes frappes, mes débordements et tout ça. C’est d’avoir fait partie de la meilleure défense du championnat avec 22 clean sheets. Mais ce n’est pas seulement les défenseurs, c’est tout le groupe. Pour un défenseur, je ne pouvais pas rêver mieux pour ma première saison. C’est là-dessus que je voulais me tester. Je voulais voir si défensivement, j’allais répondre présent et la saison en dit long sur les qualités du PFC et sur mes qualités de défenseur avant tout.
- Tu étais un joueur offensif de base. Tu n’es pas trop déçu d’avoir dû reculer ?
Si j’ai reculé, c’est pour de bonnes raisons (sourire). Je suis mieux en partant de loin. Dos au but ou à l’arrêt, j’avais du mal. Je n’ai pas cette faculté à éliminer comme les ailiers le font, j’ai besoin de prendre de la vitesse de loin, de jouer sans le ballon, de combiner avec mon milieu, en faisant des appels. Je pense que ce replacement a été une très bonne chose pour moi.
- Qu’est-ce qui te manque ?
Beaucoup de choses. Je dois bosser ma qualité de centre. Défensivement, je dois continuer à progresser, essayer d’être le plus prêt tactiquement, progresser sur les duels aériens. Je pense qu’à tout âge, on peut progresser.
- D’où te vient cette faculté à tirer de loin, à marquer de loin ?
J’ai toujours eu ça. J’ai toujours eu une grosse frappe, lourde, même quand j’étais petit. On m’appelait « L’Allemand » pour ça ! J’ai toujours aimé frapper fort, casser la cage. C’est drôle, mais quand j’ai un gardien en face de moi, je n’ai qu’une envie, c’est de le rentrer dans la cage (rires). Les qualités que j’avais offensivement, la frappe de balle notamment, je ne les ai pas perdues, même en étant latéral. J’ai toujours eu cet instinct de buteur. Ce n’est pas parce que je suis latéral que je ne peux pas aider mes attaquants dans la finition.
- Tu as des exemples ?
Sur le plan sportif, je m’inspire des joueurs à mon poste. Avant, mon joueur préféré était Eden Hazard. Mais aujourd’hui, dire que c’est mon idole, c’est bizarre, car je suis arrière gauche. J’aime beaucoup Roberston de Liverpool, un super latéral, très moderne. Il réalise beaucoup de bonnes choses. Jordi Alba, c’est exceptionnel, tout comme Marcelo. Sinon, j’aime beaucoup le film Gladiator, j’adore Russel Crowe. Je m’inspire de ce film. Je me mets dans le casque la musique de fin, c’est vraiment ce film qui a marqué ma jeunesse.
- Comment tu gères quand tu te retrouves face à un client et que tu sens que ça va être dur ?
Je sais que lui, son intention est de me manger, je le sais. Moi, mon but, c’est de me faire respecter, de lui rentrer dedans, d’être le plus agressif possible pour gagner le plus de duels possible. Après, forcément, on sait qu’on peut se faire éliminer à un moment ou un autre, mais il faut immédiatement se re-concentrer et préparer l’action qui arrive, essayer d’empêcher mon vis-à-vis le plus possible. Avant le match, j’étudie beaucoup mes adversaires en vidéo, leurs gestes, leurs habitudes, leurs spécificités. Au moins, je sais à quoi m’attendre. Par exemple, savoir s’il se met sur son pied droit à la sortie de son passement de jambes, etc… J’aime avoir le plus d’indications possible. Ces choses permettent de mieux appréhender le match.
CONCLUSION
- Tu as des rêves ?
Bien sûr. Comme tout joueur pro en a. Personnellement, jouer la C1, c’est le but ultime. C’est la plus belle des compétitions. J’ai déjà été en sélection, j’ai fait toutes les catégories de jeunes, donc porter le maillot de l’Equipe de France A serait une consécration.
- Et en dehors du foot, qu’est-ce qui t’anime ?
J’aime passer du temps avec mes potes, dès que je peux sortir avec eux, je ne me gêne pas. J’aime manger au restaurant, aller au cinéma ou voir des humoristes. Je suis très ouvert sur ce point. Je ne suis pas du tout casanier, j’aime respirer et profiter
- Si tu n’avais pas été footballeur, tu aurais fait quoi ?
Humoriste, je crois, alors que je ne suis pas très drôle (rires). C’est ce que je me disais étant petit. J’aimais bien Gad Elmaleh. Le comte de Bouderbala était mon premier spectacle.
- Si tu étais journaliste, quelle question tu poserais à Romain Perraud ?
Je n’ai pas trop d’idée, c’est compliqué. Tu m’as déjà tout demandé.
- Tu ne devrais pas être un peu moins humble et plus t’affirmer ?
J’ai toujours été comme ça, j’ai toujours naturellement mis les autres en avant par rapport à moi. Je me suis toujours considéré comme un outsider. Quand je suis dos au mur et que l’on ne m’attend pas, je sais que j’ai les ressources pour m’en sortir. J’affirme que j’ai fait une très belle saison, mais je sais comment le foot peut tourner. Mes parents m’ont inculqué des valeurs de respect, d’humilité, on a peut-être l’impression que je n’ai pas confiance en moi, mais ce n’est pas le cas, car je sais au fond de moi ce que je vaux vraiment.
- Si tu devais finir l’interview par une phrase qui te représente, tu dirais quoi ?
Une phrase de l’album de Ninho : « La haine se transforme en dalle, la dalle se transforme en réussite ». Je te dis ça parce que c’est ce qu’il s’est passé pour moi. Quand tu es mis de côté, que tu joues avec la réserve que tu n’es jamais appelé, ça te procure un peu de haine. Et puis, dès qu’on te donne quelque chose, tu as les crocs.
- Si tu devais te donner, une note ?
C’est à toi de me la donner, en tout cas, je pense que j’ai été le plus vrai possible.
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