Grégorini, le sang-froid

Décisif sur un penalty troyen samedi soir, le gardien niçois allie le talent à la baraka.

Le deuxième plus grand gardien de L1 après le rennais Cech (1.96m contre 1.94m) est le dernier rempart de la meilleure défense actuelle de L1 avec Bordeaux (4 buts encaissés, dont la moitié lors de la défaite inaugurale face au havre, 1-2). Ou plutôt d'un leader épanoui dans son expression défensive, de la récupération à la couverture des espaces sans omettre sa stabilité, sa sérénité et sa combativité.
Gregorini s'est montré décisif à un moment clé du match samedi (0-0 à 5 minutes de la pause, penalty en faveur de Troyes) après avoir neutralisé les galettes bretonnes à Guingamp la semaine précédente. "Sur le penalty, je regarde le placement du tireur par rapport au ballon, je choisis un coté et je pars au dernier moment. Celui de Linares était bien tiré et bien placé. C'est le 1er que j'arrête dans le jeu, D2 et D1 confondues."
Les lois de la gravité ne permettaient pas a priori de penser qu'un tel gabarit puisse se détendre ainsi à la verticale en 1 fraction de secondes. Et si. Il est d'ailleurs étonnant de constater que l'ancien Marseillais semble parfois plus à l'aise sur sa ligne que dans les airs, ou sa nature devrait faire le vide. "Ca devient difficile de sortir et de prendre des risques quand il y a du monde dans la surface, tempère l'entraîneur des gardiens niçois, Enrio Pionetti. Mais c'est vrai qu'il a les qualités et le physique pour s'imposer plus souvent dans sa surface. On y travaille, mais d'ici à la fin de saison, il aura j'en suis sur encore progressé."

Rohr "Il me fait penser à Dropsy"

Comme Eric Roy, Gregorini est natif de Nice, mais ce n'est pas franchement le modèle du jeune m'as-tu vu que l'on peut surprendre à faire des pompes sur les galets en écoutant la dernière "compil" de musique techno. "Il est très mesuré, estime Gernot Rohr. Mais il sait très bien sortir de sa réserve quand il le faut. J'aime bien ces gardiens qui dégagent du calme, qui savent dire ce qu'il faut au bon moment sans geuler à tout va. Il me fait penser à Dropsy. Samedi, il a été impérial, même si on a eu à faire à une équipe qui a joué pour jouer, et non pas pour gagner. Il a été autoritaire, agressif, maître de son espace. C'est un tempérament bien maîtrisé."
Arrivé à l'intersaison, prêté par l'OM, Gregorini a éclipsé les 2 gardiens de la montés, Valencony et Padovani. "Il y a eu une hiérarchie établie mais elle est respectée, précise Rohr. Je n'ai pas un seul mais 4 gardiens (avec Munoz), et ils forment un groupe solidaire. Lorsque viendront les coupes, il est probable que Bruno et Jean Gabriel en profitent."" "Gernot avait besoin d'un gardien de grande taille, poursuit Valencony. Mais il ne faut pas oublier ceux qui ont joué l'an dernier et qui ont fait monter le club. J'espère que ça restera ancré dans la mémoire des gens. Mais c'est une équipe agréable à vivre, et puis c'est un club auquel je tiens beaucoup. Je ne me plains pas."

Gregorini connaît la chanson. La saison passée, il était le premier spectacle de Runje à l'OM, après avoir succédé à Trevisan et disputé les 9 derniers matchs de la saison précédente (2000-01)."Heureusement il y a eu les sélections en espoirs, savoure-t-il encore. On m'a appelé quand je ne m'y attendais pas, à quelques encablures du dernier championnat d'Europe en Suisse. Ca a été une formidable bouffée d'oxygène, dans un super groupe."
Appelé à 10 reprises par Domenech, il a joué un match entier contre le Portugal et une mi temps contre l'Italie en amical. Mais Runje est resté n°1 aux yeux de Perrin, et Gregorini a du convaincre le manager de l'OM de son désir de jouer. Et retour à la case départ, à l'OGCNice, ou il a signé sa 1ere licence à 6 ans, poussé par sa maman alors que son père aurait préféré l'essayer au rugby. " Comme j'étais + grand que la moyenne, on m'a mis directement dans le but".
Entraîné en poussins par le père et un oncle de Lionel Letizi, il a gravi tous les échelons non sans mal. A 17 ans, il évolue dans une équipe de CFA moribonde. "J'ai encaissé beaucoup de buts par ma faute, et Roger Ricort, le directeur du centre, m'a soufflé dans les bronches." Il s'en est relevé en travaillant sans sourciller, avant de débuter au niveau professionnel, en D2, en Septembre 98, pour pallier à une expulsion de Valencony. Son passage à L'OM l'a blindé "sur le plan mental".
Dans son coupon, Gregorini aspire à un objectif simple : "jouer des matches et progresser, en essayant de rester invaincu le + longtemps possible"

Johann RIGAUD
L'équipe