Haise n'y croyait plus

Série de défaites, défiance envers Ineos, rupture avec ses joueurs : Franck Haise, un départ devenu inévitable. Plusieurs fois envisagé, le départ du coach niçois s’est décidé au moment le moins attendu. Depuis plusieurs mois, il n'adhérait plus au projet d’Ineos.

À l'heure de son bilan, il y aura cette quatrième place, dès sa première saison sur le banc de l'OGC Nice, et elle est plutôt belle. Et puis il y a ces cing derniers mois, terribles, marqués par une série de neuf défaites d'affilée (toutes compétitions confondues) entre le 1er novembre et le 14 décembre, et par ce triste record du nombre de matches consécutifs sans victoire pour un club français en Coupe d'Europe. Il appartient désormais au Gym avec 18 rencontres et Franck Haise en a dirigé 16 sur 18.

Malgré la qualification en Coupe de France face à Saint-Étienne (L2,2-1) avant Noël, il était temps que cela se termine pour l'ancien entraîneur du RC Lens, et grand temps pour le Gym et ses joueurs d'entrer dans une nouvelle ère.

Sa premiere saison sur le banc nicois a été une réussite, dans la foulée de la notoriété qu'il s'était construite à Lens. La seconde a été un fiasco total, ponctuée de fractures et de ruptures à l'intérieur de tout le club, tantôt avec Fabrice Bocquet, l'ancien président, et Florian Maurice, le directeur sportif, tantôt avec une partie de ses joueurs, lesquels n ont pas admis qu’il juge leur niveau quelconque alors qu’ils couraient autant pour eux que pour lui.

Avec le temps, Haise (54 ans) reconnaîtra sans doute qu'il n'a pas été très adroit de parler ainsi de ses joueurs, mais le discours offensif qui les visait n’était qu'un outil du combat qu'il aura mené durant tout le second semestre 2025 contre la politique du club et de son actionnaire, Ineos.

Lorsqu'il a vu partir Marcin Bulka, Evann Guessand, Gaëtan Laborde et, à un degré moindre. Badredine Bouanani lors du dernier mercato, Haise a compris qu'il allait manger son pain noir sur le banc du Gym. Son discours s'est progressivement démarqué de ses supérieurs, désolidarisé iront jusqu'à penser les intéressés, estimant que leur coach a joué pour lui et pour les tribunes davantage que pour le club. Evidemment, Haise n'a pas tort, le mercato du Gym (Juma Bah, Kevin Carlos, Yevhann Diouf, Tiago Gouveia, Isak Jansson, Kojo Peprah Oppong, Charles Vanhoutte, Salis Abdul Samed) a globalement été un four, à des années lumière du projet niçois qui lui a été vendu quand il a signé. Mais ce serait oublier qu'il a validé la majorité des recrues et que l'ouvrage bancal était donc collectif.

Rivère lui avait pourtant assuré qu'ils allaient travailler ensemble

À force de voir les joueurs s'éloigner et les defaites s’accumuler, Haise a été le premier à envisager son départ, à la mi-novembre. Une fois, deux fois, dix fois, l'ancien coach du Gym s’est plaint en interne de la complexité d’être compétitif avec les contraintes financières imposées par l'actionnaire. Il en voulait de plus en plus à Ineos de ne pas clarifier sa position et ses ambitions dans la politique du club, au risque que le silence de l’actionnaire les expose, lui et les joueurs, à la vindicte populaire et aux critiques médiatiques. Lassé, Haise a une première fois proposé de servir d'électrochoc et de laisser sa place, courant novembre.

Début décembre, entre la défaite à Lorient (1-3) et celle contre Angers (0-1), il a même furtivement proposé sa démission, avant de se raviser. Quelques jours plus tôt, il avait déjà suggéré à Bocquet et à Maurice qu'ils démissionnent ensemble, tous responsables, tous coupables. Rien de tout cela n'est arrivé, Jean-Pierre Rivère est finalement devenu président pour la troisième fois le 19 décembre et a immédiatement considéré Haise comme une force sur laquelle le club devait s'appuyer. Et depuis ? Il y a quelques jours, après lui avoir pourtant assuré qu'ils allaient se battre ensemble, «JPR» a finalement appelé Haise pour lui dire que ce serait bien de changer d'entraîneur, lui expliquant au passage qu'Ineos ne pourrait pas satisfaire ses besoins, en termes de recrutement.

Cette conversation a été le point de départ de plusieurs jours de négociations, achevées hier soir. Haise n'est donc plus l'entraineur du Gym, alors que son contrat courait jusqu'en juin 2029. Compte tenu des attentes qu'avait suscitées sa venue à l'été 2024 et de sa première saison sur le banc niçois, c'est une énorme désillusion. Au regard de ce qu’était devenu son quotidien depuis un mois et demi, et de son décrochage au sein de l'entreprise OGC Nice, c’était inévitable.