Le destin avec Sochaux

Sochaux a marqué ses premiers points dans ce championnat après avoir remporté une improbable victoire sur le terrain de Nice (1-2), marquée par une interruption de 20 minutes. A dix, les Sochaliens ont renversé la situation sur un coup du sort qui va relancer le débat sur la vidéo.

« La préparation a été bonne, notre jeu est toujours là mais il manque le résultat. Or c'est le plus important», regrettait Romain Pitau après le début de saison raté de la part de Sochaux. Les Franc-Comtois ont enfin atteint leur objectif après un match insensé. Laissés pour morts après avoir concédé un but en fin de première période et perdu Miranda, expulsé, les Sochaliens ont été réanimés par une décision litigieuse de l’arbitre, leur accordant un penalty qui n’existait pas. Repoussé par Gregorini, le tir au but devait être retiré après le surgissement trop rapide d’un Niçois. Une décision qui provoquait la colère des supporters qui balançaient tout ce qu’ils pouvaient sur la pelouse. Après une vingtaine minutes d’interruption, Ilan crucifiait en trente secondes les Niçois, en réalisant un doublé.

Menez sur la barre
Et avant d’arriver à ce scénario surréaliste, les deux équipes avaient déjà commencé par vouloir montrer qui était le véritable patron dans les duels. Cinq fautes en moins d’une minute pour Sochaux, un record dans le genre, deux joueurs avertis au bout de 12 minutes (Miranda et Diawara), M. Lhermitte avait du travail pour son match de rentrée. Heureusement, les 22 acteurs savaient également jouer au ballon. Jérémy Menez étalait ainsi sa classe sur un coup-franc magistralement tiré mais son tir s’écrasait sur la barre (9e). La photocopie du but de Vahirua contre Troyes, la réussite en moins. Deux minutes plus tard, c’était au tour d’Ilan d’inquiéter Gregorini mais le portier niçois se couchait bien et détournait la frappe du Brésilien d’une manchette de la main droite (11e).

Traoré juste avant la pause
Malheureux contre Toulouse et Paris, les Sochaliens démontraient que ce qui leur était arrivé devait être un accident. Les joueurs de Dominique Bijotat jouaient bien le coup, aspirant les Niçois aux velléités offensives avérées, pour mieux les contrer et profiter des espaces qui s’ouvraient à eux. Avec un Ilan plutôt habile dans la conservation du ballon, les Lionceaux se créaient une nouvelle occasion par Menez mais le champion d’Europe des moins de 19 ans ratait son contrôle dans la surface et se faisait rattraper virilement par Varrault (42e). Les Aiglons, malgré une volonté indéniable de se porter vers l’avant et une certaine mainmise dans le jeu, peinaient à inquiéter Richert, et répondaient principalement par un impact physique supérieur qui allait se révéler payant juste avant la pause. Suite à un long coup-franc de Vahirua dévié de la tête par Sammy Traoré, Teddy Richert ne pouvait capter la balle, que le grand défenseur poussait dans les cages d’un pointu digne d’un renard des surfaces (1-0, 44e). Le scénario était dur pour les Sochaliens qui recevaient une nouvelle leçon de réalisme.

La fausse main de Balmont
Les choses empiraient même pour les Lionceaux dès le début de la seconde période avec l’expulsion pour deux avertissements du Brésilien Miranda, qui aurait rêvé d’un meilleur baptême (55e). Un nouveau coup du sort pour Dominique Bijotat, pris entre deux eaux. Soucieux de ne pas encaisser un deuxième but, l’entraîneur doubien préférait faire sortir Jérémy Menez pour laisser la place à un défenseur, Afolabi. Avec une seule pointe en attaque, cela devenait extrêmement compliqué pour les visiteurs, qu’on ne voyait quasiment plus dans le camp niçois. Les Aiglons déboulaient en rafale aux abords de la surface mais ne trouvaient pas la juste passe pour doubler le score. On voyait donc mal comment Sochaux allait s’en sortir jusqu’à ce que M. Lhermitte désigne le point de penalty pour Ilan après une main de Balmont sur sa ligne, suite à une tête de N’Daw sur corner (71e).

20 minutes d’interruption
De fait, le joueur niçois avait touché la balle du tibia, du genou mais pas de la main. Une grosse discussion s’ensuivait jusqu’à ce qu’Ilan puisse enfin tirer son penalty. Et là, nouveau rebondissement. Gregorini part du bon côté, stoppe la balle mais l’arbitre assistant intervient pour signaler que Tchato était entré dans la surface pendant la course d’élan d’Ilan. Nouvelles palabres viriles entre M. Lhermitte et les joueurs de l’OGC Nice qui auront eu le don d’exciter les pseudo-supporters du Gym. Tout ce que ces derniers pouvaient avoir sous la main se retrouvait alors sur la pelouse. Dans ces conditions inacceptables, M. Lhermitte décidait de renvoyer tout le monde aux vestiaires, avec un penalty à tirer pour Ilan. Il fallait bien une vingtaine de minutes pour laisser les CRS faire leur apparition et revenir à une situation «normale». Triste spectacle.

Première victoire de Sochaux
Sous les huées les plus vives, Ilan ne tremblait pas au moment de frapper pour la deuxième fois son penalty et prenait Gregorini à contre-pied (1-1, 73e). A peine le temps de se remettre, Nice concédait sur l’engagement le deuxième but d’Ilan qui plongeait le Stade du Ray dans la stupeur (1-2, 74e). En trente secondes, les Niçois étaient passés de l’euphorie à la détresse la plus totale. Inconcevable une vingtaine de minutes plus tôt. Un gros coup sur la tête, les Niçois reprenaient espoir lorsque M. Lhermitte expulsait directement et généreusement Afolabi, rentré quelques minutes auparavant (84e). Ils levaient même les bras au ciel quand l’arbitre désignait encore une fois le point de penalty, en faveur des Aiglons cette fois-ci, après une grossière simulation de Roudet. Mais là encore, c’était l’arbitre-assistant, le second, qui allait aider l’homme en jaune à prendre la décision. M. Lhermitte changeait le penalty inexistant en un coup-franc pour Sochaux, accompagné d’un avertissement pour l’attaquant sudiste. Rien à dire. Malgré huit bonnes minutes d’arrêts de jeu, et le siège du but de Richert, Nice devait en rester là.

La vidéo en question
Pour la première fois de son histoire, Sochaux s'imposait à Nice et quitte la dernière place du classement en marquant ses premiers points. Rassurant avant de recevoir Lille. Les Aiglons tenteront eux de consoler leur supporters la semaine prochaine en accueillant Nantes, si la Commission de discipline le veut bien. Car le comportement de certains spectateurs a largement dépassé les limites en provoquant ces incidents. Pas sûr que les choses auraient tourné autant au vinaigre toutefois si la vidéo avait été là pour aider le corps arbitral. C'est probablement ce qui va se dire dans les cafés niçois dimanche matin.

Florian Egly
Sport24.com