Mardi 7 février, après presque une heure trente de duels, Monégasques et Niçois commencent à accepter qu'il faille en remettre une couche avec les prolongations. D'occasions manquée en exploits de gardiens, le score est toujours vierge et Nice souffre dans cette demi-finale de coupe de la Ligue. Jusqu'à cette 88e minute qui va entrer dans l'histoire des Aiglons. Un débordement de Roudet et voilà Ederson qui surgit pour crucifier Warmuz de la tête. Une tête à la Zizou contre le Brésil, un comble pour l'enfant de Porto Alegre qui nous raconte sa joie au moment de délivrer son équipe :
« Je vois les filets bouger, je sais que c'est la fin du match, que l'exploit est là , je suis heureux. Les moments qui suivent sont exceptionnels dans la joie, avec nos supporters qui chantent et fêtent le victoire. » Et comme le génie du football français, c'est d'un point faible supposé qu'est venue la lumière. Car malgré un physique avantageux, Ederson n'est pas un déménageur des surfaces. Il le reconnaît lui-même comme il reconnaît que le talent ne suffit pas toujours :
« Chaque joueur a ses caractéristiques, et c'est vrai qu'habituellement je suis plus un joueur qui essaie de jouer à terre, de provoquer balle au pied. Mais en football, parfois il font savoir forcer sa nature pour s'imposer ». Du talent, ce jeune homme de 19 ans en regorge. De l'intelligence aussi, lui qui jusqu'à obtenir l'équivalent du Bac au Brésil a toujours mené de front football et études. Un choix gagnant puisqu'il y a deux ans il fut champion du monde des moins de 17 ans avec la Seleçao, et réussit ses examens quelques semaines plus tard. Mais plutôt que se reposer sur ses lauriers, plutôt que de se faire tranquillement un nom au pays, Ederson rêve d'Europe :
« Je savais qu'il fallait que je vienne en Europe pour continuer à progresser dans un football plus dynamique et physique. ». Voilà qui tombe bien puisque de son côté le Vieux Continent ne manque pas de volontaires pour l'enrôler. Les plus grands clubs sont sur les rangs, mais c'est Nice, par l'intermédiaire d'un Roger Ricort déterminé, qui parvient à attirer l'artiste dans ses filets. Et si le club le lance rapidement dans le grand bain dès son arrivée la saison dernière, si le jeune Brésilien marque même le but de l'année contre... Monaco, pas questions de le griller. Ederson est venu pour apprendre, il faut lui en laisser le temps. Et l'arrivée de Frédéric Antonetti ne change pas la donne. Le technicien corse soit qu'il détient là un joyau qu'il lui faut finir de tailler. Pour « Monsieur 2010 » comme certains aiment le surnommer, les réalités de l'apprentissage du haut niveau ne sont pas toujours simples. Lui qui doit aussi se faire à sa nouvelle condition, pour la première fois seul loin des siens, passe par des moments difficiles quand il se blesse ou joue moins. Mais sans jamais se départir de son sourire et de sa joie de vivre, Ederson trace son sillon grâce à des valeurs simples.
« Quand ça ne va pas trop, je me réfugie dans le travail. En début de saison, j'ai marqué des buts en CFA, j'ai appris à être patient. C'est toujours dans la difficulté que l'on progresse le plus. ». Avec une telle philosophie, Ederson devrait atteindre un jour les sommets, même si pour l'instant seul le Gym l'intéresse :
« Mes objectifs sont les mêmes ceux de l'équipe car je pense avant tout au collectif. Car rien ne se fait en foot en dehors du collectif. » Calme, sérieux, pieux, peu enclin aux sorties nocturnes, si l'on ne voyait pas Ederson sur un terrain on douterait presque qu'il est brésilien ! Mais pas de doute, il en possède bien l'étoffe, au grand dam de Monaco dont il est devenu la bête noire à l'instar de son équipe...
Yannick Pelayo