La désillusion

Moncef Zerka a inscrit le premier but de Nancy face à Nice (2-1). L'histoire se répète. Comme en 1978, Nice s'est incliné en finale d'une Coupe nationale face à Nancy (1-2), samedi, au Stade de France. Pourtant les Aiglons ont effleuré la Coupe de la Ligue après l'égalisation signée Marama Vahirua et l'expulsion côté nancéen de Sébastien Puygrenier peu après l'heure de jeu. Mais un coup de tête victorieux de Kim à la 66e minute a brisé le rêve niçois.

La victoire du courage

"Il y a tellement de cœur dans cette équipe". Emu, Pablo Correa, le technicien lorrain, retenait ses larmes au terme d'une finale qui a consacré une équipe, et plus encore un groupe qui ne renonce jamais. Beaucoup prédisait, à l'orée de la saison, un très difficile apprentissage de la Ligue 1 pour le promu lorrain. Neuf mois plus tard, le champion de Ligue 2 a facilement assuré son maintien dans l'élite, trouvé un défenseur-buteur d'exception Moncef Zerka et remporté une Coupe de la Ligue synonyme de qualification pour la Coupe de l'UEFA, excusez du peu. L'histoire aime repasser les plats. En 1978, Nice, favori, s'était déjà incliné face aux généreux Lorrains lors d'une finale nationale, en Coupe de France, sur une inspiration géniale de Michel Platini. 28 ans plus tard, le numéro 10 mythique de l'équipe de France n'a sans doute pas de successeur sur le plan du talent dans l'effectif actuel de l'AS Nancy-Lorraine, mais sur le plan de cœur et d'abnégation, les Nancéens de Pablo Correa n'ont guère de concurrents.

Face aux Aiglons azuréens, les promus ne partaient pas favoris. La lourde défaite subie face à Marseille (0-6) restait dans les mémoires, tout comme la belle performance des Niçois à domicile face à Rennes (2-1). Pourtant, dans un Stade de France majoritairement rouge et blanc, les Lorrains entamaient mieux la rencontre. Les trois premières escarmouches étaient nancéennes mais sans grand danger pour Hugo Lloris, le jeune portier niçois. Les Aiglons, très timorés, obtenait néanmoins la première occasion. Baky Koné réalisait un une-deux avec Marama Vahirua et entrait dans la surface de réparation. Mickaël Chrétien intervenait pour gêner le feu-follet ivoirien, permettant à son portier Olivier Sorin de se saisir du ballon (16e).

Malgré cette alerte, Nancy gardait le contrôle du ballon. L'ouverture du score signée de l'inévitable Moncef Zerka était tout à fait méritée. Le natif d'Orléans poussait dans le but vide un ballon repoussé par Hugo Lloris après une belle frappe de Pascal Berenguer (1-0, 22e). Incroyable histoire que celle de l'international marocain, milieu de terrain polyvalent, défenseur à ses heures, devenu attaquant pour palier aux blessures de Kim et d'Elie Kroupi. Auteur de six buts cette saison en championnat, Moncef Zerka s'est trouvé des dons de buteur providentiel, toujours bien placé dans la surface de réparation adverse.

A dix contre onze

Menés au score, les Azuréens se réveillaient et prenaient enfin un peu plus d'initiative sur le plan offensif. Mais si un coup franc de David Bellion donnait quelques sueurs froides au portier lorrain (38e minute), Nancy restait parfaitement en place jusqu'au repos, contrôlant facilement les rushs des Aiglons. Au retour des vestiaires, remontés comme des coucous par Frédéric Antonetti, les Niçois offraient de suite un visage différent. Plus agressifs sur le porteur du ballon, plus tranchants en attaque, ils égalisaient trois minutes après la pause. Après un raid en solitaire de Baky Koné, Marama Vahirua récupérait le ballon et frappait instinctivement. La trajectoire flottante du ballon s'arrêtait dans la lucarne opposée pour un but qui ressemble à s'y méprendre à celui inscrit par Luis Garcia pour Liverpool face à Chelsea en demi-finale de la Cup (1-1, 48e). Le vent avait-il tourné ? Moins d'un quart d'heure plus tard, pour un second carton jaune, Sébastien Puygrenier était expulsé par M. Layec et laissait ses partenaires nancéens en infériorité numérique (62e). Nancy était alors dans les cordes, souvent mis hors de position par des Niçois plus techniques.

"Ma Coupe du Monde à moi"

Mais impossible n'est pas Lorrain. Benjamin Gavanon, le frère de l'ancien portier marseillais, frappait un coup franc excentré côté gauche. Kim, qui jusqu'à présent avait pris plus d'avertissement (3) que marqué de but (1), s'élevait plus haut que les défenseurs niçois et catapultait de la tête le ballon au fond des filets (2-1, 66e). Les Aiglons repartaient à l'assaut du but nancéen mais la Coupe de la Ligue avait trouvé son vainqueur. Les tentatives de Cyril Rool (77e), David Bellion (78e) et Baky Koné (90e+3) n'étaient pas couronnées de succès. Nancy tenait sa victoire.

"A dix on a souffert, mais on a été poussé par nos supporters et on a gagné avec nos tripes. Je sais que je n'aurais pas d'autres moments à vivre dans ma carrière comme celui-là, c'est ma Coupe du Monde à moi", expliquait Cédric Lécluse, 34 ans, défenseur exemplaire qui a fait toute sa carrière au club. La victoire de Nancy en Coupe de la Ligue prouve que l'on peut s'imposer dans une épreuve sans nom ronflant ni euro trébuchants, juste grâce à un sens aigu du sacrifice et du collectif. « C'est une équipe au courage, retapée par le président Rousselot », analysait Michel Platini, fier de ses successeurs. Nancy défiera l'Europe la saison prochaine

Yannick VELY
Football.fr