La nissartitude en rouge et noir

Le sentiment identitaire s'exprime au stade du Ray et à travers l'équipe. Le « Gym » a ravivé la fierté niçoise et l'image positive qu'il véhicule rejaillit sur toute la ville.

« Issa Nissa rebela ! », « Pilhas Garda, sieu nissart ! », « ler ancuèi deman, a Nissa tougiou fedel » (1) : dans les populaires et les « secondes » du Ray, l'Armada Rumpetata Nissarda, la Secioun, les Ultras Nissart 2002 ou la Brigade Sud font fleurir les slogans en nissart. Giuseppe Garibaldi se retrouve même en effigie sur des tee shirts en vente à la boutique du Club officiel des supporters. Dans le couloir des vestiaires du Ray, un panneau « Aqui li sian douze per juga ! » (ici on joue à douze) a été accroché. Jusqu'au groupe « Nux Vomica » qui chante « Je monte au stade ».

Les paroles de « Nissa la bella » distribuées au stade

Et ce n'est pas fini. En janvier, pour les venues de Lille puis de Paris SG, 15 000 imprimés sont chaque fois distribués aux entrées du stade. Pas de pub, mais les paroles de « Nissa la Bella », afin que tout le public entonne l'hymne niçois. Une initiative de trois fanas, - un gestionnaire de patrimoine, un instituteur, un informaticien -, qui soulignent que « l'OGCN est hyper fédérateur. Ces joueurs qui en veulent sur le terrain ont fait ressurgir le vrai peuple niçois ».
Le parcours de l'OGCN a donné un coup de jeune à la nissartitude, revigorée en rouge et noir autour d'une pelouse : quelles autres manifestations, à part de grandes fêtes comme les cougourdons ou la San Bertomieu permettent de cristalliser le sentiment identitaire ? « Ce n'est pas dans les salons qu'on construit une identité mais en s'appuyant sur une base populaire » dit Jean-François Marro, président de « Nissart per tougiou ».
Mais l'onde rouge et noire s'est propagée bien plus loin que le stade du Ray. Cet OGCN de battants, qui avait la mort aux trousses avant de laisser incrédule la France du football, fait du bien à toute une ville. En terme d'image bien sûr : Nice a de la « gnacque », peut gagner, balayer la condescendance parisienne et ses clichés usés jusqu'à la trame. « L'OGCN donne un coup de fouet à la ville : elle apparaît comme une ville forte, vivante, dynamique, entreprenante. Et cela va dans le sens de l'image globale de Nice que nous cherchons à developper, en integrant la mer, la montagne avec tout ce que cela peut apporter de tonique, de rafraîchissant » constate, ravi, Bernard Morel, directeur général de l'Office du Tourisme et des Congrès.

Bon pour le moral en période de morosité

Un OGCN en haut de l'affiche, c'est bon pour l'image de la ville mais aussi pour le moral de sa population, socio professionnels inclus. Sans être un fana du « Gym », le président de la CCI Nice-Côte d'Azur, Francis Pérugini, ne reste pas insensible au phénomène rouge et noir. « Le sport est une dynamique : comme dans une entreprise, on y réussit ensemble. Le manager de l'OGCN a mis en place un projet performant. Voir une équipe qui gagne est important pour tout le monde, y compris les chefs d'entreprise. En période de morosité, - elle est économique mais aussi dans les têtes -, on a besoin d'images positives. Et l'OGCN en fournit... »
Comme si une mise au point avait été faite, à Nice, on sait aussi être combatif, solidaire, sérieux, ambitieux. La fierté d'être niçois s'était trop souvent retrouvée entre parenthèses. Et un slogan agressif mais un brin désabusé était apparu : « M'en bati, sieu nissart » (2). Une incantation refuge devenue obsolète : cette fierté ne demandait qu'à s'exprimer. Le Gym lui en donne l'occasion.

(1) « Allez Nice rebelle », « Fais attention, je suis Niçois ! », « Hier comme demain, à Nice toujours fidèles »
(2) « Je m'en fous, je suis Niçois ! »

Jean Chaussier
Mercredi 18 décembre 2002
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