Hellebuyck retrouve le rythme

Paisible dans la vie, hargneux sur le terrain, David Hellebuyck a tourné avec élégance la page PSG pour se relancer tranquillement à Nice. De quoi rendre zen le gaucher.

« Could you be loved, and… be loved ? » En écoutant parler David Hellebuyck, on se transporte vite mentalement en Jamaïque, avec des airs syncopés de reggae plein la tête. Les mots sont pesés, le débit est lent, la voix tranquille. A croire que le stress file sur la peau du Niçois sans s’arrêter. Loin de l’image renvoyée sur le terrain par ce milieu de terrain hargneux, l’homme Hellebuyck apparaît sage dès qu’il retrouve ses proches. C’est d’ailleurs avec un enfant dans les pattes qu’il nous raconte tranquillement son retour en grâce après un passage raté au PSG. « Could you be loved au PSG, David ? » pourrait-on lui demander… Clairement, non. « Lors de la deuxième partie de saison au PSG j’ai vraiment galéré, explique-t-il à Football365. J’étais au fond du gouffre, en CFA, ce n’était vraiment pas facile. Ça fait plaisir de rejouer, de retrouver des sensations en Première division. »

A ce moment-là, on s’attend à ce que le DJ nous fasse une impensable transition, du reggae au rap hardcore pour fusiller à grandes rafales de mots perçants Paul Le Guen. Mais ce n’est pas l’esprit d’un Hellebuyck plutôt Peace and Love : « Il est arrivé avec ses a priori et ses façons de penser sur moi. Il devait mettre en place une équipe pour maintenir Paris et je ne faisais pas partie de ses choix. Ce n’était pas facile, mais après, je n’ai pas voulu l’attaquer, je voulais rester correct. Je me suis dis que j’allais faire le dos rond pendant six mois. » Un comportement rare à l’heure où les joueurs ont tendance à vite dégainer pour réclamer leur place ou la tête de leur coach : « C’est ma mentalité. Je ne voulais pas faire de vagues, je ne souhaitais pas créer de tensions dans l’équipe et dans le club. Déjà que c’était assez le bordel là-bas. » Hellebuyck n’en dira pas plus…

« Paul Le Guen m’a marqué »

Une attitude sans doute appréciée par les dirigeants au moment de faciliter son départ : « Les gens que j’ai côtoyés là-bas, même s’ils ne m’ont pas fait jouer, ont été corrects avec moi. Même si Paul Le Guen ne m’a pas fait confiance, j’ai quand même rencontré une personne très respectueuse, qui a expliqué ses choix. Ça reste quelqu’un qui m’a marqué. » Si le coach parisien avait des a priori négatifs sur le gaucher, Frédéric Antonetti, qui l’avait dirigé à Saint-Etienne en avait aussi, mais positifs, ceux-là. Nice s’est donc vite positionné pour recruter le milieu de 28 ans. « Il me connaissait. Je ne suis pas sorti du circuit, j’ai continué à bosser même quand je ne jouais pas à Paris, j’ai gardé la même mentalité, donc il savait à quoi s’attendre en me prenant » explique le natif de Nantua.

Et Antonetti peut-être satisfait de sa recrue. « Il n’est pas déçu ? Doucement ! Je n’ai pas marqué six buts quand même, répond modestement Hellebuyck. Je retrouve mes sensations. Je suis habitué à jouer à ce poste. Ça ne me dérange pas de défendre et j’aime attaquer. » Devant Cyril Rool et associé au milieu à Florent Balmont et Olivier Echouafni, l’ancien gamin du centre de formation de Lyon assure un gros boulot pour remonter le ballons. Ce trident soulage les Koné, Bamogo, Job et autres Ederson du boulot défensif. Les Azuréens ont trouvé la bonne formule en même temps que le bon tempo, se blottissant dans la première partie de tableau alors qu’à la même période, l’an passé, ils étaient derniers : « On a tous galéré l’année dernière, eux ici, moi au PSG. On veut continuer mais sans s’enflammer » susurre Hellebuyck. « On ne se fixe pas de limites. Il faut être régulier. Si on arrive à faire dix mois comme ça, il n’y aura pas de problème. » Un air de Bob Marley repasse dans nos oreilles : « Could you be loved à Nice, David ? » Pour le moment, « no problem, man. »

Olivier DE LOS BUEIS
Football365