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Meslin : "Je savoure la montée seulement maintenant…"
Actufoot.06, le 14/11/2003 à 19h02
Depuis le temps qu’il attendait son heure… Face à Bastia, Christophe Meslin a montré qu’il n’avait rien perdu de ses qualités qui en avaient fait un des plus redoutés chasseurs de buts de Ligue 2. Désormais totalement remis de ses blessures, il se dit prêt à conduire l’attaque niçoise. Lors d’un entretien tout en décontraction, il est revenu sur sa traversée du désert et un retour au premier plan dont il ne veut pas tirer de conclusions trop hâtives. Poussin est de retour !
- Alors, faire trembler les filets au Ray te procure-t-il toujours le même plaisir ?
Sur ce match, je peux même dire que cela m’en a procuré encore plus qu’avant. Avec tous les pépins que j’ai connus ces derniers temps, cela fait même longtemps que je n’avais pas connu ça. Depuis la montée, je n’avais plus marqué au Ray en championnat. Samedi face à Bastia, cela a donc été un moment particulier. J’étais heureux de pouvoir partager cet instant avec les supporters qui m’ont toujours soutenu. Je leur dédie ces deux réalisations pour les remercier du soutien qu’ils m’ont témoigné.
- Avais-tu toujours en tête cette frappe sur la barre en fin de match à Rennes ?
Je me suis surtout dit après le premier but que la chance tourne, parce que même si l’arbitre était revenu à la faute en sifflant un pénalty si le ballon était sorti au lieu de taper le poteau, il était préférable pour moi que je puisse inscrire un but dans le jeu. J’y ai vu un signe et cela m’a libéré. J’ai également beaucoup apprécié le fait que toute l’équipe soit venu me voir après le but. Cela m’a rassuré et prouvé que tout le monde me soutenait.
- Quelles étaient tes appréhensions au moment de retrouver une place de titulaire au sein de l’attaque ?
La concurrence est telle devant qu’il ne faut pas laisser passer sa chance. Tu te dois de saisir l’opportunité qui t’est donnée. Mais ce n’est pas facile car tu penses obligatoirement que tu n’auras peut-être pas une deuxième occasion qui se présentera. J’ai donc essayé de ne pas trop me prendre la tête et d’aborder ce match déterminé.
- Justement, comment le groupe a géré collectivement, et plus particulièrement toi pour une première titularisation en championnat, la pression autour de ce match capital face à Bastia ?
Personnellement, j’ai essayé de positiver en me disant qu’après quatre matches sans but pour l’équipe, je pourrais être le phénomène déclencheur. Pour tout vous dire, le scénario de la rencontre était celui dont je rêvais…Collectivement, on sentait une tension particulière. En cas de défaite, notre position nous aurait certainement plongé dans une période de doute. Le coach a décidé de changer les habitudes et de faire un entraînement à huis clos jeudi pour que mentalement on commence à rentrer dans le match sans avoir trop de pression extérieure. Nous savions que ce match à domicile, dans la position où l’on était, ne devait déboucher que sur une victoire.
- À l’intersaison, le club a mis tout en œuvre pour te garder. T’attendais-tu à un début de saison aussi difficile ?
Je m’attendais sans doute à avoir ma chance plus rapidement. Mais dans ma position, j’étais conscient d’avoir une dette envers le club. Je suis réaliste et je sais que peu de présidents et d’entraîneurs auraient misé sur un joueur qui venait de subir une deuxième opération au genou. La confiance qu’ils m’ont témoignée en me faisant signer ne pouvait donc que me faire patienter durant cette période difficile. Contre Bastia, j’ai commencé à leur prouver qu’ils avaient eu raison de faire ce choix. Je ne pensais pas mériter une place de titulaire en début de saison (les performances de Malek faisaient qu’il était normal qu’il soit titulaire), mais j’espérais plus de temps de jeu. J’ai donc saisi ma chance quand je l’ai eue. Je sais que je ne peux pas revendiquer une place de titulaire, mais maintenant j’ai prouvé que je pouvais faire partie de l’équipe. Cette expérience m’a montré que tout pouvait aller très vite, j’évite de me mettre trop de pression. A moi de me remettre en question après chaque match.
- Avec un peu de recul, comment analyses-tu cette période ?
Je n’avais jamais connu cette situation auparavant. En étant blessé toute la saison dernière, j’avais le sentiment de ne pas avoir la récompense de la montée. J’avais participé à cette aventure, mais contrairement à tout le reste de l’équipe, je n’avais pas la chance de goûter le parfum de la Ligue 1. Je voulais donc me rattraper dès le début de cette saison, le fait de ne pas jouer a donc été difficile à accepter. Même si je savais qu’il n’est jamais facile de revenir après une grosse blessure, je n’imaginais pas si peu jouer.
- Lorsque l’on a été habitué à être attaquant vedette et idole du public, à quoi pense-t-on lorsque l’on reste plusieurs mois dans l’ombre ?
Heureusement, les gens ne m’ont pas oublié. Même remplaçant, j’ai toujours eu le soutien du public. À chaque échauffement, les supporters me témoignaient des marques de sympathie que je n’oublierai jamais. Quand vous n’êtes pas bien dans votre tête, ce sont des actes qui vous servent à vous accrocher et à vous dire que, pour eux, vous n’avez pas le droit de lâcher. Pour tout ça, j’avais vraiment à cœur de marquer samedi dernier pour leur rendre la pareille. C’était ma réponse ! Mais malgré ce soutien, j’ai pas mal gambergé durant cette période. On se demande toujours pourquoi, on se pose plein de questions… C’est pour ça qu’il était important pour moi de prouver au coach sur le terrain qu’il pouvait compter sur moi. Je suis donc soulagé par le match de samedi parce que je sais maintenant qu’il pourra me faire confiance, mais je sais aussi que si je ne confirme pas, ces deux buts seront vite oubliés.
- À quoi t’es-tu raccroché ?
Le fait que tout le monde me soutienne m’a aidé, mais j’avais surtout un goût de travail inachevé. J’avais des trucs à rattraper et cette motivation se suffisait à elle-même. Cela peut paraître bizarre plus d’un an après, mais c’est en jouant des matches comme celui de samedi dernier que je savoure la montée.
- Tes deux blessures consécutives aux genoux ont-elles eu une incidence sur ton jeu, et plus particulièrement sur tes prises de balle ou tes courses ?
Non, je n’ai plus aucune appréhension. Même si cela a été difficile après ma deuxième opération, j’ai beaucoup travaillé et sans être revenu totalement à 100 %, je sens que je suis sur la bonne voie.
- Gernot Rohr t’a remis en selle au moment où ton avenir semblait s’éloigner de la Côte d’Azur (on parlait notamment de toi avec insistance du côté de St-Etienne). As-tu réellement envisagé de quitter l’OGC Nice ?
Quelque part, oui ! Après une année éloignée des terrains, je ne pouvais pas envisager une deuxième saison avec un temps de jeu très réduit. Sans revendiquer une place de titulaire, je souhaitais donc faire un championnat qui me permette de retrouver mes sensations, la confiance et le chemin des filets. Il est donc certain que si le coach ne m’avait pas donné ma chance rapidement, j’aurais envisagé de partir. Heureusement, tout s’est décanté et il sait maintenant qu’il peut compter sur moi. J’ai une énorme envie de jouer et de réussir à Nice.
- Assez discret de nature, n’y avait-il pas un risque que tu te replies sur toi-même et que tu te marginalises si la situation continuait à s’enliser ?
Non, parce que j’ai toujours eu confiance en mes qualités. Je savais que le jour où j’aurai ma chance, je démontrerais sur le terrain que j’ai les moyens d’apporter quelque chose à l’équipe… C’est arrivé samedi.
- Parmi les satisfactions de la rencontre face à Bastia, ta complémentarité avec Lilian Laslandes semble pleine de promesses…
Depuis le début de saison, nous n’avons pas eu l’occasion d’être titularisés ensemble. Pour qu’il se crée une complicité et des repères, vous avez besoin d’évoluer côte à côté dès le coup d’envoi. Il était donc difficile de se faire une idée sur notre complémentarité sur les quelques minutes que nous avions faites ensemble dans des fins de rencontre. Face à Bastia, je trouve que cela s’est plutôt bien passé, comme le deuxième but l’a prouvé. Je pense que je peux marquer pas mal à ses côtés parce qu’il fait preuve d’une générosité et d’un altruisme rares. Mais je n’ai pas été surpris samedi parce qu’à l’entraînement déjà il y avait des signes, des automatismes naturels. C’est encourageant pour l’équipe.
- Plus encore que chez les autres attaquants, la confiance semble un élément primordial pour que tu t’exprimes pleinement. Ta performance face à Bastia a-t-elle chassé tous tes démons ?
C’est difficile de répondre à une telle question. J’ai envie de répondre oui, mais on ne sait jamais comment les choses évoluent. Ce qui est sûr, c’est que lorsque l’on ne joue pas le doute s’installe, alors j’espère que ces deux buts m’auront libéré.
- Même si la concurrence est importante devant avec Laslandes, Cherrad et Ba, peut-on dire que Christophe Meslin est de retour ?
Il est de retour au sens propre du terme, dans le sens où je n’avais pas joué, ni marqué depuis longtemps. Mais je ne perds pas de vue que nous sommes quatre attaquants pour deux places et que je dois continuellement me remettre en question. J’ai appris à savoir que rien est acquis et qu’il faut se battre tous les jours. Mais après les galères que j’ai vécues, je prends quand même le temps de savourer jusqu’au match à Paris, après ce sera oublié.
- Justement, comment se passent au quotidien les rapports entre attaquants lorsque l’on sait qu’il n’y a que deux places pour quatre ?
Tout se passe bien entre nous. On s’entend bien et chacun donne le maximum à l’entraînement pour avoir sa chance. De toute manière, nous n’avons aucune raison de nous tirer dessus, cela ne changerait pas le problème. Mieux vaut travailler dans la bonne humeur et accepter les choix de l’entraîneur.
- En prenant les trois points face à Bastia, vous êtes revenus dans la première moitié du tableau. Pour toi, quels sont le potentiel et les possibilités de l’OGC Nice dans ce championnat de Ligue 2003-04 ?
Pour une deuxième année en Ligue 1, le maintien reste un objectif prioritaire. Lorsque l’on connaît notre budget et le peu d’expérience que l’on a, on ne peut rien revendiquer d’autre. Après, au fil des semaines, on peut se découvrir d’autres ambitions, mais il est encore tôt pour savoir. Disons que pour le moment je pense que l’on peut jouer la dixième place. Mais les coupes peuvent également constituer un beau challenge cette saison. Nous avons les caractéristiques (groupe solidaire qui vit bien ensemble) pour réaliser une épopée...
- Comment imagines-tu la suite de la saison d’un point de vue personnel ?
Je vais essayer de me placer dans la continuité de ce que j’ai fait samedi, c’est-à -dire marquer dès que je peux ou faire profiter l’équipe de mon travail. De toute manière, il ne devrait pas y avoir de problème parce qu’on dit toujours que ce sont les premiers buts qui sont le plus difficile à inscrire. (rires)
T.D.
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