Alexis Beka Beka se reconstruit dans sa famille, loin du football

Cinq mois après avoir envisagé de mettre fin à ses jours, le milieu de l'OGC Nice Alexis Beka Beka tente de se reconstruire, loin du football. Discrètement.

Il n'y a plus ces séances du matin, ces vannes dans le vestiaire, ces bains froids redoutés ni cette crainte de ne pas être aligné le week-end. Alexis Beka Beka s'est éloigné de ce quotidien de footballeur professionnel depuis cinq mois. Depuis cette matinée du 29 septembre où le milieu niçois, après des semaines à lutter contre des pensées sombres, s'est arrêté sur le viaduc du Magnan et, pendant quelques heures, a songé à mettre fin à ses jours.

La stupeur, l'angoisse et les questions autour de ce choc, avec les semaines, se sont éloignées. Pour laisser place au silence ou presque.

A Nice, si l'état de santé de Beka Beka reste parfois un sujet dans le vestiaire, ils sont peu nombreux, parmi le staff et les joueurs, à trouver des réponses à des questions simples. Comment va-t-il ? Où est-il? Et à d'autres plus complexes, culpabilisantes : comment, malgré des aménagements sur certains entraînements et des séances très régulières avec la psychologue du club, a-t-on pu laisser un jeune homme de 22 ans s'installer dans une détresse profonde l'été dernier ?

La consigne des médecins de ne pas entrer en contact avec leur coéquipier dans les semaines qui ont suivi le choc a été respectée. Et les quelques messages envoyés se sont espacés ensuite. Faute, parfois, de réponse.

Il reste les quelques coups de fil passés par le médecin de l'équipe première à la famille, histoire de garder le lien. Au club, c'est un sujet que l'on manie avec d'immenses précautions, en avançant publiquement un message de soutien: « Nous sommes en lien régulier avec l'entourage familial et professionnel d'Alexis. Notre seule préoccupation, et ça la toujours été, est qu'il aille le mieux possible ».

Il a regagné Caen et vit auprès de sa famille

Hospitalise pendant trois mois dans un établissement sur les hauteurs de Nice, le milieu, en arrêt maladie, a regagné sa Normandie d'origine et la ville de Caen peu avant les fêtes de Noël. C'est là-bas, au milieu de ses proches, de ses parents, de sa petite sœur et de ses grands-parents qu'il tente de se reconstruire. Peu à peu et loin d'un monde du foot qu'il a côtoyé pendant plus de dix ans.

Ses journées se ressemblent. Avec la volonté de trouver, sans cette structure de travail, la vie normale d'un jeune adulte qu'il n'a finalement jamais connue. Avec des repas communs, en famille, des allers-retours chez les fidèles amis du coin et cette énergie dépensée lors de séances de sport quasi quotidiennes. Des semaines ponctuées par des rendez-vous médicaux très réguliers. Voilà sa nouvelle vie. Quand il s'agit d'analyser ou tenter de comprendre la souffrance psychologique qu'il traverse, Beka Beka use peu de mots. Pas le moment, sans doute. Et comment expliquer la soudaineté de cette détresse jusqu'alors inconnue ?

Sur la vie d'après, la projection est difficile. Beaucoup trop tôt pour envisager l'avenir: Son arrêt de travail s'achève en mai prochain. Il pourrait, bien entendu, être renouvelé en fonction de l'évolution de son état. L'assurance que Beka Beka avait souscrite lui verse une indemnité. La question de son avenir au Gym - il est sous contrat jusqu'en 2027 - arrivera tôt ou tard.

Certains dirigeants bienveillants de clubs assurent qu'ils seront là, s'il le souhaite, le jour (même lointain) où il voudrait rejouer. Le lien avec sa vie d'avant se situe là. Pour le reste, Alexis Beka Beka se reconstruit. Doucement. Discrètement.