Nice, défense d'attaquer !

L’OGC Nice reste sur une victoire convaincante en championnat face à Bastia. Mais une série de mauvais résultats et le cinglant 0-5 subi à Lyon ont auparavant fait naître des doutes sur le niveau des Niçois cette année. Quel bilan tirer alors de la première partie de saison des Aiglons ?

Bastia comme tremplin

Lors de la treizième et dernière journée de Ligue 1, l’Olympique Gymnaste Club de Nice s’est imposé sur sa pelouse devant Bastia (2-0). Une victoire qui a permis aux Niçois de sortir la tête hors de l’eau. Après deux défaites – à Marseille (1-2) et à Lyon (0-5) – et trois nuls – contre Strasbourg, à Rennes et face à Bordeaux, à chaque fois sur le même score (0-0) –, les Aiglons se trouvaient dans l’obligation d’obtenir un résultat positif face aux Corses. « On ne peut pas attendre éternellement que les points arrivent. Il faut trouver des solutions », déclarait l’entraîneur niçois Gernot Rohr à la veille de la rencontre. Ce succès, Nice le doit notamment à l’auteur des deux buts du match, Christophe Meslin (26 ans), titulaire pour la première fois de la saison en championnat. Victime par deux fois d’une rupture des ligaments du genou, celui que l’on surnomme « Poussin » en raison du duvet blond qui ornait son crâne lors de son arrivée dans le club, symbolise le réveil niçois. Terriblement atteint par son inactivité durant plusieurs mois, l’attaquant a su passer outre son découragement en travaillant dur pour retrouver sa place au sein de l’effectif. Tout comme Nice qui, après cette série noire ponctuée par la claque essuyée à Gerland, cherchait absolument à se relancer.

La solidarité défensive toujours au rendez-vous

Huitième du classement de L1 avec vingt points, Nice réalise un début de saison satisfaisant. A quatre points de la troisième place occupée aujourd’hui par l’OM, le club azuréen présente un bilan plus qu’honorable avec cinq victoires, cinq nuls et seulement trois défaites. Des revers d’autant plus logiques qu’ils ont tous été subis à l’extérieur et face à des équipes de calibre supérieur (Lyon, Marseille et Lens). Comme lors de l’exercice précédent, Nice s’appuie sur les mêmes atouts : une défense de fer et un esprit conquérant. Emmenée par leur capitaine de 35 ans José Cobos, l’arrière-garde niçoise reste l’une des meilleures de France. Seconde ex-aequo l’année dernière, elle n’a pour l’instant encaissé que douze buts, dont sept en douze rencontres, les cinq buts concédés à Lyon constituant sans aucun doute un accident de parcours.

Toujours aussi solide, la défense des Aiglons présente l’avantage de s’adapter au jeu de l’adversaire : constituée le plus souvent de quatre joueurs (Cobos et Abardonado dans l’axe, Pamarot à droite et Varrault à gauche), elle a la capacité de se muer à cinq (Pamarot glissant dans l’axe comme second stoppeur et Bigné ou Scotto occupant alors le couloir droit). Solidaire et agressif, le collectif niçois paraît aussi soudé que la saison dernière. Disposant d’un effectif relativement inchangé, Gernot Rohr continue de faire prévaloir la générosité et la volonté de ses joueurs. Omniprésents dans le pressing et la récupération, les milieux de terrains sérieux et expérimentés Roy (35 ans), Everson (28 ans), mais aussi Echouafni (31 ans) fraîchement débarqué de Rennes, incarnent parfaitement la rigueur souhaitée par le technicien franco-allemand.

Une attaque en panne

Malgré cette analyse flatteuse, les derniers résultats ont appris aux joueurs niçois à relativiser. Avant la rencontre face à Bastia, ils n’étaient placés qu’au douzième rang du championnat après s’être trouvés entre la première et la sixième position lors des neuf premières journées. Premier responsable de ce déclin, le secteur offensif des Rouges et Noirs. En inscrivant le premier but contre les Corses, Meslin a mis un terme à une inefficacité niçoise de plus de 415 minutes en championnat. Les douze buts marqués en L1 démontrent la peine que rencontrent les attaquants niçois à trouver le chemin des filets. C’est notamment le cas pour le jeune Malek Cherrad (22 ans). Auteur de trois buts contre Nantes et Lille, l’international algérien semble marquer le pas. Pour l’entraîneur des Aiglons, « Malek a pris un petit coup sur la tête quand il a raté une balle de 2-0 juste avant la mi-temps à Marseille. Depuis il est en déficit de confiance et ça se ressent dans son jeu ». Pour Lilian Laslandes, « il va falloir absolument retrouver la cohésion et améliorer aussi la relation entre les lignes et, en particulier, entre le milieu et l’attaque, si on veut être à nouveau efficace ».

Deuxième difficulté rencontrée cette saison par les Niçois, ils ne peuvent plus prendre appui sur l’effet de surprise qui a accompagné leur très bonne saison 2002-2003. Leurs adversaires sont aujourd’hui prévenus et se méfient d’autant plus des éléments du Gym. Ce qui renforce du coup la vigilance des défenseurs qui se retrouvent opposés aux attaquants niçois. Le déplacement des Aiglons à Paris dimanche ne devrait pas échapper à la règle : la défense parisienne aura à l’œil les avants niçois, et en particulier Lilian Laslandes, le meilleur buteur du club.

Le joueur : Lilian Laslandes

Recruté à l’intersaison au Sporting Club de Bastia, Lilian Laslandes est l’atout majeur de l’attaque du Gym. Critiqué après ses échecs à Sunderland et Cologne, le Bordelais démontre qu’à 32 ans, il peut encore apporter de nombreux services à un club de Ligue 1. Auteur de quatre buts cette saison – à Auxerre, contre Ajaccio par deux fois et au Stade Vélodrome –, l’avant-centre niçois reste d’ailleurs aujourd’hui le meilleur buteur de Ligue 1 encore en exercice (106 buts). En plus de ses qualités de finisseur, l’ancien auxerrois fait également preuve d’altruisme et a ainsi déjà délivré deux passes décisives en championnat. Efficace devant le but, ce grand gabarit (1m86 pour 82 kilos) dispose d’une bonne technique et d’un potentiel physique qui lui permet de jouer en pointe à la fois le rôle du buteur mais aussi celui de remiseur. De bonne augure pour le club de la Côte d’Azur.

La stat : 12

Douze, c’est le nombre de buts marqués et encaissés par l’OGCN depuis le début du championnat. Ce bilan équilibré est à l’image du style de jeu des Niçois. Surtout, ce chiffre met en lumière les forces et les faiblesses des Aiglons. Performante et imperméable, la défense est le secteur-clef de Nice, notamment à domicile avec seulement deux buts concédés. Au contraire, les attaques niçoises ne se concrétisent que trop rarement en buts. Nul doute que Gernot Rohr tentera prochainement de pallier ce manque d’efficacité offensive.

La décla : Christophe Meslin (après le succès face à Bastia)

« On a su se remettre en question. Et ce résultat va nous permettre de nous relancer pour de bon. Idéal avant de rencontrer Paris ».

Après une période de flou, les Niçois semblent être repartis sur de bonnes bases après leur victoire sur Bastia. Mais ce succès augure t-il d’un renouveau certain ou n’est-il qu’un sursaut ponctuel ? La rencontre au Parc des Princes face au Paris Saint-Germain dimanche soir devrait servir d’indicateur et apporter des éléments de réponse.

Rodolphe Cazejust
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