Rennes s’en contente

Malmenés, les Bretons ont su profiter de l’expulsion de Tchato pour remporter une victoire laborieuse.

LASZLO BÖLÖNI A DE LA SUITE dans les idées. L’entraîneur rennais avait pris la victoire de Toulouse (4-1) à contre-pied, expliquant son goût « des 1-0 qui sentent la souffrance et la transpiration ». Il a donc été comblé hier. Rennes a souffert et l’a emporté sur un petit but d’Alexander Frei, une tête magnifique qui vint libérer les siens (62e). Ce succès, les Niçois l’ont beaucoup moins apprécié. Parce qu’ils ont eu la sensation de maîtriser un adversaire apparu emprunté ; parce qu’ils ont marqué un but, sur un corner de Rool prolongé par Échouafni et qu’on le leur refusa pour une charge pas évidente de Traoré sur Pouplin (11e) ; parce qu’ils encaissèrent celui de Frei dans la foulée de l’expulsion de Tchato (60e).
À dix contre onze, ils oublièrent le buteur suisse dans la surface. Sur la touche, Frédéric Antonetti fulminait contre son adjoint qui, à s’emmêler, retarda l’entrée de Jarjat…

Échouafni : « On méritait mieux »
L’arbitrage en général laissait d’ailleurs une saveur amère dans les bouches azuréennes. Monsieur Ennjimi, longtemps placide, dégaina ensuite les cartons (neuf jaunes, un rouge) après la demi-heure dans une rencontre qui ne dérapait guère. Et Nice eut l’impression de ne pas quitter son viseur. « Je ne conteste pas mes cartons, mais je les prends sur mes deux premières fautes, glissait Bill Tchato. Pareil pour Échouafni, qui prend le jaune sur sa première faute. Il y a peut-être une injustice… » Son coach, lui, ôtait le « peut-être » et donnait dans l’explication géographique :« On n’est pas arbitré de la même façon dans le Sud que plus haut (précisant avec le sourire que son Sud débute à…Valence).On le sait bien : dans le Sud, nous sommesdes fainéants qui jouonsà la belote, à la pétanque en buvant des pastis ; à Paris, en revanche, il y a de gros travailleurs… Que voulez vous dire aux joueurs qui ont fait beaucoup d’efforts quand un élément extérieur influence ainsi le sort d’une rencontre ? Il y a un gros déficit pour Nice dans ce domaine. C’est la cinquième fois qu’on est ainsi sanctionnés. Ça gâche des points dans un Championnat si serré. On n’arrive pas à décoller et on se retrouve 15e. Est-ce que Nice le mérite au vu de ses prestations ? » Contrôler le tempo au milieu ne suffit pourtant pas à être dangereux. Hormis un essai de Bagayoko dévié par Faty (27e) et le but refusé, Nice ne récolta pas les fruits de sa tenue ni avant ni après la mi-temps. Ce qu’Olivier Échouafni reconnaissait : « On a malmené Rennes et on méritait mieux, mais on n’a pas été réalistes. Ce n’est pas nouveau. On fait des nuls qu’il faudrait savoir bonifier. » Rennes, lui, a donné plein écho à ses à-coups. Laborieux au milieu où Källström et Gourcuff furent englués, il valut par quelques rushes d’un Utaka velléitaire mais maladroit – un échec devant Grégorini (9e), un but de la tête refusé pour hors-jeu (38e) – et quelques tentatives de Frei (34e après un superbe mouvement, 37e). Il valut aussi par son abnégation. « On a ressenti la fatigue en fin de match, estimait Arnold Mvuemba. On a perdu énormément de ballons, mais on n’a rien lâché. On n’a pas vu du très bon Rennes.
On ne va pas s’en plaindre. On retient la victoire. » « Et on n’encaisse pas de but à la maison pour la première fois, relevait Simon Pouplin. Ça fait du bien. On s’installe ainsi dans la première moitié du tableau. » Ce troisième succès d’affilée à domicile permet aussi de coller à un point du PSG que les Rouge et Noir iront visiter samedi. Avec l’espoir de mêler encore souffrance et plaisir.

Jean-Denis COQUARD
L'Equipe