Diawara : "Frustrant d'en être là"

Kaba, à l'image de Nice, vous marquez le pas. Vous êtes à dix buts depuis le 15 janvier, soit 720 minutes sans trouver l'ouverture...
C'est avant tout un problème collectif. Nous sommes un peu émoussés par rapport à la première partie de championnat et ça se ressent dans le dernier geste, il n'y a pas la même précision. En plus, on voit plus le raté d'un attaquant qu'une passe manquée à quarante mètres des buts.

- Votre travail de l'ombre depuis le début de saison a-t-il épuisé votre énergie ?

Si on veut obtenir des résultats à Nice, on doit être solidaire. J'accuse donc un peu le coup car je ne fais pas que marquer, je bosse défensivement, je reviens sur les attaques adverses. Au final, je paye mon activité et je manque de la fraîcheur nécessaire devant le gardien.

- À un moment, vous étiez au coude à coude avec Shabani Nonda au classement des buteurs. C'est oublié ?

C'était avant... Mais Monaco joue pour lui. Je ne dis pas que c'est facile, mais j'aurais aimé me voir à Monaco et lui chez nous. Je le répète : ce n'est pas évident à Nice.
Nonda travaille moins défensivement et il possède à ses côtés les meilleurs passeurs du Championnat alors que je suis le meilleur passeur de mon équipe (quatre passes, comme Everson)...

- Ce derby s'annonce délicat contre un adversaire de plus en plus fort.

Je ne sais pas si c'est la meilleure équipe du Championnat, mais elle possède une attaque complète, avec un gaucher à gauche, un droitier à droite. Il y a aussi Prso qui, en manquant les six premiers mois, a une vraie fraîcheur mentale. Plus Nonda qui finit très bien le boulot du collectif. Mais on peut faire un coup là-bas. Nous sommes capables de gagner.

- En dépit de votre baisse de régime, on a l'impression que vous ne lâchez pas complètement. Vous perdez peu (7 défaites en Championnat depuis le début de saison).

Nous réussissons même de bons matches, mais la réussite nous fuit. Comme contre le PSG (0-0) où on manque trois occasions nettes. Voilà l'un de nos défauts actuels : on est moins adroits. Pour y remédier, nous avons axé notre travail devant les buts ces deux dernières semaines. On sait se remettre en question.

- Vous avez souvent évoqué ces 42-43 points comme objectif à atteindre. Une fois ce maintien décroché, n'avez-vous pas été victime d'un léger relâchement ?

Peut-être inconsciemment. Mais si on stagne, ce n'est pas la raison essentielle. Ce surplace est dû aussi au calendrier. Les gros clubs n'ont plus de Coupe d'Europe pour se fatiguer ou se disperser. Comme dans le même temps, on a du mal, ça crée des différences mais il ne faut pas s'alarmer. Et si on gagne une fois, on va revenir.

- Avez vous peur en voyant votre déclin au classement ?

Certainement pas. On ne joue pas le titre, on n'a rien à voir avec Marseille, Monaco, Lyon ou Bordeaux ! C'est seulement un peu frustrant d'avoir été aussi longtemps en tête et d'en être là aujourd'hui. Mais ça ne change rien à l'ambiance. On est toujours potes. J'ai fait pas mal de clubs dans ma carrière et j'ai vu ici un foot qui n'existe pas ailleurs. Les mecs ne se prennent pas au sérieux, c'est un régal. Et puis, quand je suis arrivé, je venais pour jouer le maintien jusqu'au bout.

- Ce serait quand même dur de ne pas accrocher l'Europe...

Peut-être, mais on s'était préparé en début de saison pour 40 ou 43 points, pour la dix-septième place... Et on a quand même toujours la possibilité de faire un truc génial ! À mes débuts ici, je pensais que ça allait être plus difficile : les discours étaient d'ailleurs clairs. Mais finalement, cet amalgame de gars prêtés aux destins différents, singuliers, avec la volonté de s'en sortir, a créé une dynamique. Et on peut encore compter sur nous.

- Vous faites partie des nombreux prêts niçois (il appartient au P5G). Ne craignez-vous pas que ce soit un handicap en vue du sprint final, que chacun veuille se montrer ?

On pense inévitablement un peu à son cas perso avec les transferts, mais ça ne peut être que positif pour le club car tout le monde rêve de faire une bonne fin de saison, a envie de réussir sans nécessairement en faire trop. Et en pensant toujours au club.

- Vous êtes donc encore optimiste pour la fin ?

Bien sûr. Mais même si on se qualifie pour une Coupe d'Europe, le club devra bien penser à l'avenir. Car Troyes a aussi joué l'Intertoto et on voit où il se situe aujourd'hui...

© L'Equipe